L’individu est suspecté d’avoir déposé un sac ou colis explosif contenant des vis, clous ou boulons devant une boulangerie de la rue Victor Hugo. / EMMANUEL FOUDROT / REUTERS

Quatre-vingt-dix enquêteurs et trente techniciens de la police technique et scientifique sont mobilisés pour rechercher l’auteur présumé de l’explosion d’un colis piégé dans le centre-ville de Lyon, vendredi 24 mai, a déclaré, samedi, le procureur de Paris Rémy Heitz. « Tous les moyens » sont déployés pour « interpeller rapidement » un individu identifié comme déposant le colis dans la rue Victor Hugo sur les images de vidéosurveillance, a expliqué M. Heitz lors d’une conférence de presse tenue au palais de justice de Lyon.

Les enquêteurs avaient déjà reçu, samedi midi, « plusieurs dizaines de témoignages » de l’explosion, selon le procureur de Paris, « qui sont en cours de vérification » alors que l’attaque « n’a donné lieu à aucune revendication », selon Rémy Heitz.

Chargée du dossier, la section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert « une enquête de flagrance des chefs de tentative d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste et d’association de malfaiteurs terroriste criminelle ». La direction centrale de la police judiciaire, la direction générale de la sécurité intérieure, la sous-direction antiterroriste sont saisies de cette enquête.

Appel à la prudence

La garde des sceaux, Nicole Belloubet, avait souligné vendredi soir qu’il était « trop tôt » pour évoquer « un acte terroriste ». « Au vu des résultats, on pourra effectivement qualifier cette enquête », a-t-elle précisé. Vendredi soir, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner et le procureur de Paris se sont brièvement rendus sur les lieux de la déflagration sans faire de déclaration devant la presse.

Dans une première réaction vendredi, Emmanuel Macron a évoqué « une attaque », mais dans un tweet envoyé dans la soirée le chef de l’Etat s’est montré plus prudent, déplorant simplement « la violence qui s’est abattue » sur les Lyonnais, avant d’adresser ses « pensées » aux blessés.

Appel à témoins

Un individu soupçonné d’être l’auteur de l’attaque est recherché par les autorités, qui ne privilégiaient aucune piste quant à son profil ou ses motivations. La police a lancé un appel à témoins en diffusant la photographie du suspect, capté par une caméra de vidéosurveillance municipale. Elle montre un homme « porteur d’un haut sombre à manches longues » et « d’un bermuda clair », poussant un vélo noir. Selon une source proche de l’enquête, il est âgé d’une trentaine d’années.

L’individu est suspecté d’avoir déposé un sac ou colis explosif contenant des vis, clous ou boulons devant une boulangerie de la rue Victor Hugo, une artère piétonne commerçante située au cœur de Lyon, près de l’emblématique place Bellecour.

De retour d’un voyage au Japon, le maire de Lyon et ancien ministre de l’intérieur Gérard Collomb s’est exprimé. « A Lyon nous avons un dispositif de vidéoprotection qui est assez étendu », a déclaré le maire. « On a vu à la fois la personne arriver et repartir sur son vélo, donc peut-être aurons-nous un certain nombre de témoins qui pourront faire avancer l’enquête », a-t-il ajouté, précisant ensuite que la trace du suspect avait été perdue sur le quai Claude Bernard, qui borde le 7e arrondissement lyonnais.

Lyon choquée, mais calme

« Lyon se réveille choquée, mais Lyon se réveille aussi dans le calme, comme l’ont été d’ailleurs les Lyonnaises et les Lyonnais hier en fin d’après-midi (…) Bien sûr, on se réveille avec beaucoup de questions, mais le plus efficace aujourd’hui est de laisser l’enquête se dérouler », a déclaré sur BFMTV le président de la métropole de Lyon David Kimelfeld.

Le maire du 2e arrondissement Denis Broliquier a précisé que « la charge était relativement peu importante puisqu’elle a provoqué par souffle l’explosion des vitres de la banque réfrigérée mais on ne voit pas plus » de dégâts. Sur place samedi matin, le périmètre de sécurité a été levé. La France n’avait plus connu d’attaque au colis piégé depuis décembre 2007, lorsqu’une explosion dans un cabinet d’avocats – dont les raisons sont à ce jour restées inexpliquées - avait fait un mort et un blessé.

Mais depuis la fusillade de Strasbourg qui a fait cinq morts et 11 blessés en décembre dernier, le plan Vigipirate est resté au niveau « Sécurité renforcée - Risque attentat » sur tout le territoire, signe d’une menace terroriste persistante aux yeux des autorités.