Entrée en cours de jeu face à la Thaïlande, Kadidiatou Diani a inscrit un doublé. / FRANCK FIFE / AFP

L’avertissement lancé par Corinne Diacre n’avait rien d’une coquetterie. A treize jours du match d’ouverture de leur Coupe du monde, les Bleues n’ont pas montré leur meilleur visage, samedi 25 mai à Orléans, face à un adversaire pourtant modeste, la Thaïlande, 34e nation mondiale.

Performantes au mois d’avril lors de leurs deux belles victoires face à des nations du calibre du Japon (champion du monde en 2011) et du Danemark, les footballeuses françaises ont dû attendre la deuxième période pour s’assurer une victoire qui aura été longue à se dessiner (3-0). Les coéquipières de Grace Geyoro ont même manqué deux penaltys (le premier sur la barre, le second arrêté par la portière thaïlandaise).

Poussives pendant la majeure partie de la rencontre, ce n’est qu’après une heure de jeu que les Françaises ont fini par faire craquer les Thaïlandaises grâce à une belle frappe enroulée de la capitaine Elise Bussaglia (61e) avant que Kadidiatou Diani, entrée en jeu, ne donne un peu plus d’ampleur à la marque aux 78e et 87e minutes de jeu.

Des Bleues fatiguées par l’intense préparation physique

La veille en conférence de presse, la sélectionneuse avait prévenu les journalistes : « On ne sera pas au mieux de notre forme, on va piocher un peu, mais l’essentiel est de travailler et faire des efforts. » Effectivement fatiguées par l’intense préparation physique concoctée par le staff de l’équipe de France, avec parfois trois entraînements par jour, le premier dès 7 heures du matin, les joueuses tricolores ont été à la peine.

Elles ont multiplié les erreurs techniques, ratant des passes faciles et manquant un nombre considérable de centres. Le contenu produit par son équipe a même fini par agacer la sélectionneuse en personne : peu après l’ouverture du score, elle réagissait énergiquement le long de la pelouse à une énième mauvaise relance. A l’issue de la rencontre, Corinne Diacre n’a pas caché son mécontentement concernant ces imperfections : « Il y a eu trop de déchets techniques pour le niveau international. Je ne crois pas que l’on puisse mettre ça sur le compte de la fatigue musculaire. Quand on est fatigué, on doit s’appliquer sur des choses simples. »

À l’occasion du premier de ses deux matchs de préparation (le second aura lieu vendredi 31 mai contre la Chine), Corinne Diacre avait logiquement laissé sur le banc ses nombreuses championnes d’Europe lyonnaises, qui ont rejoint cette semaine leurs coéquipières, dans la foulée de leur sixième titre européen décroché samedi dernier à Budapest face au Barça.

Parmi elles, seule Delphine Cascarino était alignée d’entrée, la jeune attaquante de l’OL, ménagée à cause d’une douleur à la cheville en Ligue des champions, avait en effet besoin de temps de jeu. La buteuse Eugénie Le Sommer était elle forfait à cause d’une blessure au fessier.

Les remplaçantes ne marquent pas de points

Cette rencontre face à la Thaïlande était donc l’occasion d’une large revue d’effectif. Il fallait ménager les forces vives ainsi que l’avait annoncé hier Corinne Diacre : « En plus, les Lyonnaises viennent de nous rejoindre. Tout le monde n’est pas au même niveau physique, il va falloir gérer les temps de jeu. »

Les remplaçantes françaises, comme Julie Debever, Aissatou Tounkara ou encore Sakina Karchaoui, n’ont pas vraiment marqué de points. Certaines qui postulent à une place dans l’équipe-type, dès le 7 juin face à la Corée du Sud lors du premier match des Bleues en Coupe du monde, n’ont pas vraiment brillé non plus : par exemple, Gaëtane Thiney ou Valérie Gauvin. En conférence de presse après la rencontre, la sélectionneuse a tenu à rassurer l’attaquante de Montpellier : « Valérie Gauvin n’a pas marqué ce soir mais ce n’est pas pour ça que je vais l’enterrer. Je sais ce qu’elle peut nous apporter. »

Pendant plus d’une heure de jeu, les Bleues ont été en difficulté samedi à Orléans. / FRANCK FIFE / AFP

L’une des rares satisfactions s’appelle Viviane Asseyi. Sur son aile gauche, la Bordelaise a été active et s’est offert la plus belle occasion de la première mi-temps : une spectaculaire reprise de volée déviée malheureusement sur la barre par la fantasque gardienne thaïlandaise, Sukanya Chor Charoenying (35e).

La vague de changements, intervenue en deuxième période, a fait du bien dans les vingt dernières minutes. Elle permettait notamment à la joueuse du PSG, Kadiadiatou Diani, de montrer une nouvelle fois son poids offensif grâce à un doublé plein de réalisme. Et malheureusement à ses partenaires parisiennes, Grace Geyoro et Eve Perisset, de rater chacune un penalty.

Au stade de La Source, la plus petite enceinte depuis 2014 à accueillir un match des Bleues, les 7 500 spectateurs orléanais n’ont pas boudé leur plaisir. En effet, à défaut de la manière, l’essentiel a été préservé. Comme le rappelait Amandine Henry : « L’objectif est la victoire, mais il y a aussi le fait qu’après avoir eu beaucoup d’entraînements, on est contentes de jouer un match, de se confronter à une équipe internationale. »

L’équipe de France a encore presque deux semaines pour retrouver la forme. Pas d’urgence, c’est encore la capitaine des Bleues qui le dit : « On va continuer à progresser, travailler, à progresser, à peaufiner les derniers détails. »