Simon Pagenaud après sa pole position, le 20 mai / Brian Spurlock / USA TODAY Sports

Cette fois, les centièmes ont joué en sa faveur. Passé tout près en 2015 (3e) et en 2018 (2e), Simon Pagenaud va enfin goûter aux joies d’un départ en tête des 500 miles d’Indianapolis, ce mythe du sport automobile. Devant le vainqueur des qualifications de l’an dernier, Ed Carpenter, le pilote du Team Peske a arraché la pole position pour sept petits centièmes de seconde, bouclant ses quatre tours de la célèbre piste ovale en 2’ 36” 527 (370,14 km/h de vitesse moyenne).

Cette « pole » est une première pour un Français sur le circuit américain depuis René Thomas en 1919. « C’est vraiment quelque chose de spécial. C’est incroyable, a exulté le Poitevin de 35 ans, seul Français vainqueur du championnat IndyCar (en 2016). C’est la plus grande course du monde, je suis au septième ciel ! Gagner la semaine dernière ici, c’était fort. Mais décrocher la pole, c’est fou. »

Simon Pagenaud s’est en effet déjà imposé le 11 mai dans la capitale de l’Indiana. C’était lors du Grand Prix d’Indianapolis, tracé en partie sur le circuit ovale. Alors qu’il était sevré de victoire depuis septembre 2017, cette performance a sonné comme une délivrance. Une manière d’effacer un exercice 2018 décevant, avec seulement deux podiums à son actif. « Ça soulage (…). Par son exécution et son déroulement, c’est l’une des plus belles victoires de ma carrière », explique-t-il.

Avec ce douzième succès de sa carrière en IndyCar (le troisième sur le GP d’Indianapolis), Simon Pagenaud arrive en confiance sur cette 103e édition des 500 Miles, le rendez-vous phare de sa saison. « Ce n’est pas du tout la même course, tempère-t-il toutefois à propos du GP d’Indianapolis. Les 500 miles, c’est un peu une loterie. Mais une victoire ici rappelle à tout le monde qu’on est bien à Indianapolis ! »

Passé de la onzième à la quatrième place, le Français s’est replacé au classement général du championnat américain des monoplaces (138 points, à 44 longueurs de son coéquipier Josef Newgarden). Dimanche, à l’issue des 200 tours, les points seront doublés, et le vainqueur empochera 100 unités.

Celui qui avait fini deuxième des 24 Heures du Mans 2011 – avec Sébastien Bourdais et Pedro Lamy – aura à cœur de battre son meilleur résultat (6e en 2018) et s’affirme comme l’un des grands favoris d’« Indy ». « Depuis ma victoire au championnat, en 2016, mon objectif numéro un, ce sont les 500 Miles. On en est tout proche, on a tout ce qu’il faut pour le faire », assure-t-il.

Le numéro 22 du Team Penske, une des meilleures écuries du circuit, dont il porte les couleurs depuis 2015, tentera de rejoindre au palmarès les Français René Thomas (1914) et Jules Goux (1913). Gaston Chevrolet a aussi gagné en 1920, mais sa nationalité suscite débat : il est né en France de parents suisses, avant d’émigrer aux Etats-Unis.

L’objectif pour le Poitevin : donner à la France une première victoire sur l’ovale depuis plus d’un siècle. / Michael Conroy / AP

Sa dernière victoire sur le Grand Prix semble en tout cas avoir effacé ses doutes. « On a trouvé, je crois, la bonne configuration pour notre voiture, assurait-il à l’issue de l’avant-dernière séance d’essais du 20 mai. On est dans une bonne dynamique. On a la meilleure voiture et le meilleur moteur. Mais les 500 Miles sont une course très longue, tout peut arriver. »

Les chiffres ne jouent pas en sa faveur : les polemen n’ont remporté la mise qu’à 20 reprises en 102 éditions, et aucun n’est parvenu à s’imposer sur le circuit ovale depuis dix ans. En 2018, son coéquipier australien Will Power avait réussi l’exploit de réaliser le doublé GP d’Indianapolis - 500 Miles. Sur l’une des courses les plus prestigieuses du monde, le Français fera tout pour s’en inspirer.

Lohan Benaati