Après s’être longtemps désintéressés de la campagne, les Français se sont finalement fortement mobilisés, dimanche 26 mai, pour les élections européennes. A 20 heures, au moment de la fermeture des bureaux de vote, la participation était estimée à 51,3 % selon un sondage Ispos pour Radio France et France Télévisions, soit environ neuf points de plus qu’en 2014 (42,43 %). Cette mobilisation est inédite depuis vingt-quatre ans.

Ce regain d’intérêt est une rupture par rapport aux dernières échéances européennes où l’abstention a toujours été très forte, notamment depuis la fin des années 1990. En 2004, seulement 42,76 % des inscrits s’étaient ainsi déplacés. En 2009, la participation avait été la plus faible de toutes les élections européennes (40,63 %). Il faut remonter à 1994 pour retrouver un nombre supérieur à 50 % des inscrits (52,71 %). A contrario, le scrutin européen où les Français avaient été les plus assidus était celui de 1979 (60,71 %).

Cette hausse de la mobilisation a été constante tout au long de la journée. Déjà, à midi, 19,26 % des inscrits avaient voté, 3,5 points au-dessus du scrutin de 2014 à la même heure (15,70 %). A 17 heures, la participation s’élevait à 43,29 %, en hausse de huit points par rapport à 2014 (35,07 %). A 17 heures, c’était dans l’Aveyron, l’Indre et l’Ardèche que les Français avaient le plus voté (plus de 50 %), et en Seine-Saint-Denis (29,61 %) et Corse-du-Sud (29,96 %) que la participation était la plus faible. Comme souvent, la mobilisation était plus importante dans les départements ruraux que dans les grandes villes et les quartiers populaires.

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Un regain mesuré dans les derniers jours de la campagne

Jusqu’à il y a une semaine, ce regain d’intérêt n’était pas du tout attendu. Dans notre quatrième enquête électorale Ipsos-Sopra Steria publiée lundi 20 mai, seulement une minorité des sondés se disaient encore prêts à se prononcer. A ce moment-là, 43 % des sondés étaient certains de se déplacer, ce qui aurait situé ce scrutin dans un étiage particulièrement bas. Cette donnée était restée stable pendant toute la campagne. Lors de notre première vague, fin février, les Français n’étaient déjà que 42 % à vouloir aller voter. En trois mois, la projection de participation n’avait évolué que d’un point… Comme si cette campagne n’avait pas su intéresser les Français.

Tout s’est décanté lors de la dernière semaine avant l’élection. Lors d’un ultime sondage Ipsos-Sopra Steria publié vendredi soir, la projection de participation avait bondi à 47 %. Difficile pour le moment de savoir ce qui a mobilisé les électeurs. Ces derniers jours, la campagne s’est logiquement accélérée et les attaques entre les candidats se sont multipliées. Et surtout, l’exécutif s’est impliqué très fortement. Mardi, Emmanuel Macron a donné une interview à la presse quotidienne régionale, où il décrivait une Union européenne confrontée à un « risque existentiel » et mettait en garde contre la montée des populismes en affirmant voir « pour la première fois une connivence entre les nationalistes et des intérêts étrangers ». Une façon de critiquer la visite de l’ancien conseiller de Donald Trump, Steve Bannon, à Paris, et de réagir à la démission du vice-chancelier autrichien d’extrême droite, Heinz-Christian Strache. Vendredi, M. Macron a échangé avec un youtubeur en espérant mobiliser les jeunes.

Les ministres ont également donné de leur personne en participant à des opérations de tractage, de démarchage téléphonique ou en animant des meetings. Edouard Philippe a animé trois réunions publiques. En intensifiant la campagne et en dramatisant l’enjeu, l’exécutif voulait créer un réflexe de vote utile contre le Rassemblement national. Comme il le souhaitait, cette dernière semaine nerveuse a mobilisé les Français.

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