La route menant à la maison de Sophie Toscan du Plantier, à Skull, en Irlande (photo de 1996). / - / AFP

Près de vingt-trois ans après les faits, le procès du meurtrier présumé de la productrice française Sophie Toscan du Plantier, Ian Bailey, s’est ouvert lundi 27 mai devant les assises de Paris. Le procès va se dérouler sans l’accusé : l’Irlande refuse d’extrader l’ancien journaliste britannique de 62 ans, qui clame son innocence.

L’accusé, absent « sans excuse valable », est donc jugé par défaut pour « meurtre » par trois magistrats professionnels et sans l’assistance des jurés. M. Bailey n’est pas non plus représenté par un avocat, comme il en avait la possibilité. Le fils, les parents, les frères, l’oncle et la tante ainsi que des proches de Sophie Toscan du Plantier sont, eux, bien présents, et ont pris place sur les bancs des parties civiles.

Dans nos archives (2012) : Les mystères de Skull

Bailey rapidement suspecté

Mariée au célèbre producteur de cinéma Daniel Toscan du Plantier (décédé en 2003), la victime avait été retrouvée morte au matin du 23 décembre 1996, en vêtements de nuit, en contrebas de sa maison isolée de Skull, un village de la côte sud-ouest de l’Irlande où elle était venue passer quelques jours avant Noël.

La Française de 39 a eu le crâne fracassé et portait de nombreuses blessures de défense, démontrant qu’elle s’était farouchement débattue.

Malgré l’absence de preuve scientifique le reliant au crime, Ian Bailey, un excentrique voisin, résidant à quelques kilomètres de là et l’un des premiers sur les lieux le jour de la découverte du corps, avait rapidement fait figure de suspect. Plusieurs témoins ont notamment affirmé que cet homme connu pour des violences conjugales leur avait avoué le meurtre ou reconnu indirectement celui-ci, notamment sous l’empire de l’alcool.

Deux mandats d’arrêt

Pierre-Louis Baudey-Vignaud, le fils de Sophie Toscan du Plantier, le 27 mai, à l’ouverture du procès du meurtrier présumé de sa mère. / ALAIN JOCARD / AFP

Cités par le ministère public, ces témoins ne feront pas le voyage en France. La cour d’assises a constaté qu’ils n’avaient pas donné suite aux courriers de convocation ou qu’ils n’avaient pas pu être retrouvés.

Placé en garde à vue à deux reprises, en 1997 et 1998, Ian Bailey n’a jamais été poursuivi par la justice irlandaise, faute de preuves « au-delà du doute raisonnable ».

Les autorités françaises ont délivré deux mandats d’arrêt européens à l’encontre du Britannique en 2010 et 2016, mais l’Irlande a refusé sa remise, invoquant l’absence de réciprocité entre les deux pays en matière d’extradition. Le verdict est attendu vendredi.