Comme un air de crise chez Les Républicains (LR). Au lendemain des élections européennes qui se sont soldées par une déroute pour le parti – il arrive en quatrième position avec 8,48 % des voix –, la droite est à couteaux tirés et son chef, Laurent Wauquiez, sous forte pression.

Le parti réunit à partir de 18 heures, ce lundi, son bureau politique qui promet d’être orageux. A son ouverture, M. Wauquiez a pris la parole et proposé l’organisation d’« états généraux » qui se dérouleraient « à la rentrée ». Moments au cours duquel il faudra « tout remettre à plat sur les valeurs, le projet, le fonctionnement et la stratégie d’alliance », a-t-il détaillé.

« Chaque sensibilité devra pouvoir s’exprimer à cette occasion. L’organisation doit être collégiale. Il faut pouvoir associer tous ceux qui le souhaitent, même ceux qui sont extérieurs aux Républicains. »

Pour le patron de LR, les 8,48 % récoltés par la liste LR aux européennes « sont évidemment un choc majeur pour notre famille politique. Nous n’avons pas été capables de parler aux Français, nous avons subi une défaite amère, il ne s’agit pas de faire semblant sur l’ampleur de la remise en cause que cela représente pour Les Républicains ».

Après ce score historiquement bas, la personne et la stratégie de Laurent Wauquiez sont très fragilisées. Confortablement élu à la tête du parti en décembre 2017, mais critiqué pour sa ligne droitière et sa gouvernance jugée « solitaire », le président d’Auvergne-Rhône-Alpes avait cru limiter la casse en choisissant de placer en tête de liste François-Xavier Bellamy, une option d’abord très critiquée en interne mais soutenue pendant la campagne. Mais aujourd’hui, « le risque, c’est la disparition », a jugé le chef de file des sénateurs, LR Bruno Retailleau.

Une situation « intenable », selon Copé

Première à sonner la charge : Valérie Pécresse. Quand RTL lui a demandé lundi matin si, selon elle, M. Wauquiez devait démissionner, la présidente de la région Ile-de-France a répondu : « Si j’étais à sa place et vu la situation, sans doute je le ferais. » L’un des proches soutiens de Mme Pécresse, Florence Portelli, est allée plus loin. Laurent Wauquiez « ne peut pas rester », et son maintien serait « un déni de réalité », a-t-elle déclaré à L’Obs.

Ancien dirigeant du parti, Jean-François Copé a jugé « intenable » la situation, visant sans le nommer Laurent Wauquiez, et rappelant que, lui, il en avait quitté la présidence en 2014, lorsqu’il était mis en cause dans l’affaire Bygmalion.

Mme Pécresse en a par ailleurs appelé à la « responsabilité » des leaders de la droite, énumérant François Baroin, Gérard Larcher, Bruno Retailleau, Eric Woerth, Jean-François Copé mais aussi Xavier Bertrand, qui a quitté LR au lendemain de l’élection de M. Wauquiez« J’appelle à une refondation, j’appelle aussi à ce que la ligne politique évolue, s’enrichisse de nos différences, de notre diversité », a insisté Mme Pécresse, qui a fondé son mouvement, Libres !, associé à LR.

Les langues se délient au sein de la direction

Dans le même ordre d’idée, Renaud Muselier, le président de la région Sud (anciennement Provence-Alpes-Côte d’Azur), a lui appelé à la création d’une « commission de rénovation » des Républicains, qui serait présidée par le président du Sénat, Gérard Larcher.  « Il est incontestable que M. Wauquiez doit prendre la mesure de ce qui s’est passé. Sa stratégie, avec son candidat (François-Xavier Bellamy), n’a pas été la bonne », a jugé M. Muselier.

Les langues se délient également au sein de la direction. Directeur de campagne de M. Bellamy, Geoffroy Didier a imploré la droite « d’abandonner son conservatisme sociétal ». « L’avenir de la droite, ça ne peut pas être d’être contre l’IVG », a-t-il lancé dans une claire critique des positions conservatrices de la tête de liste LR, choisie pour cibler l’électorat de François Fillon.

Européennes 2019 : le résumé de la soirée électorale en vidéo
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