LE MATCH À NE PAS RATER. Dernière journée du premier tour, mardi 28 mai. Et si les joueurs risquent de jouer à cache-cache avec les orages, certaines rencontres sentent la poudre. Outre la fin du cinquième set entre Jérémy Chardy et Kyle Edmund – interrompu par l’obscurité (6-7 [1], 7-5, 4-6, 6-4, 5-5) –, la journée verra l’entrée en lice des derniers Français, à commencer par Caroline Garcia, Gaël Monfils et Lucas Pouille. Ce dernier, demi-finaliste à l’Open d’Australie à la surprise générale après une saison l’ayant vu toucher le fond, soulève autant d’interrogations que l’heure à laquelle la pluie va s’abattre sur la Porte d’Auteuil.

S’il a tiré un joueur issu des qualifications, Pouille a déchanté quand il a vu le client à se coltiner. Ayant dégringolé au classement, l’Italien Simone Bolelli, 187e mondial, ne semble sur le papier pas en mesure d’empêcher le Nordiste de bien entamer sa quinzaine. Mais ce terrien pur jus a pu se requinquer en remportant les qualifications, et le public du Central se souvient de son premier tour accroché l’an passé face à Rafael Nadal. Un joueur capable de faire replonger Pouille dans ses travers.

Lucas Pouille (26e) – Simone Bolelli (187e) - Court Suzanne-Lenglen, 3e rotation

À VOIR AUSSI. Ce n’est pas le match le plus sexy de la quinzaine, mais c’est à un moment d’histoire que les spectateurs du court numéro 6 assisteront. Âgés respectivement de 40 ans – c’est le premier quadragénaire à jouer à Roland-Garros depuis 1978 – et de 37 ans, Ivo Karlovic et Feliciano Lopez vont offrir un spectacle fleurant bon le début des années 2000. Avec dix-neuf participations d’affilée Porte d’Auteuil, l’Espagnol, nouveau patron du tournoi (un Masters 1000, mine de rien) de Madrid, va même s’offrir un record.

Ivo Karlovic (n°94) - Féliciano Lopez (n°108) - Court n°6 - 2e rotation

  • Le joueur du jour : la « coïncidence » Herbert

A ce niveau-là, ça en devient pathologique. Il leur est impossible de se déconnecter de l’autre serveur. Un jour après la renversante victoire de Nicolas Mahut sur Cecchinato, au tour de son binôme en double de rejouer la partition. On connaît la chanson : mené deux sets à zéro par [une tête de série], [un Français moins bien classé] a renversé la vapeur et s’est imposé devant un public en feu. En bon musicien d’orchestre, l’Alsacien n’a pas fait de fausse note, renversant le Russe Daniil Medvedev, tête de série numéro 12 au terme d’un marathon de 3 h 54 (4-6, 4-6, 6-3, 6-2, 7-5).

[Note de la rédaction : s’il était possible d’arrêter d’employer le terme « remontada » à tort et à travers]

« Même quand nous n’étions pas tous les deux en même temps sur le court, on essaie de faire la même chose », a souri la moitié du duo Mahut-Herbert, vainqueur l’an passé de Roland-Garros en double. Qui a néanmoins tenté de nous faire croire que « P2H » existait sans « Nico ». « Ce qui est sûr, c’est que je n’ai pas voulu être mené 2 sets 0 et gagner en 5 sets. On n’en est pas là avec Nico, mais c’est vrai que c’est une coïncidence un peu troublante ». Qui a parlé de coïncidence ?

  • La phrase du jour

« C’est lourd à porter. Mais être Serena Williams est aussi lourd à porter. »

Interrogée sur sa tenue – et ses choix capillaires en cours de match, parmi autres questions –, Serena Williams a répondu avec franchise après sa victoire en mode diesel contre la Russe Vitalia Diatchenko. Oui, il y a le mot « déesse » écrit sur l’imprimé de sa tenue – avec « reine », « championne » et « mère » –, des « mots qui [lui] tiennent à cœur, et servent à rappeler à [elle] et à tout le monde qu’il faut les endosser ». Et oui, « déesse » peut-être lourd à assumer. Mais dans un instant désarmant de naturel, la multiple vainqueure de tournois du Grand Chelem a laissé entrevoir la personne derrière la championne. Et être Serena Williams n’est pas simple.

  • La voisine du jour

« Je viens en trottinette toute l’année. J’ai une trottinette électrique, c’est plus pratique pour se déplacer. Mais aujourd’hui, je suis venu en voiture avec ma mère. »

Du côté de la Porte d’Auteuil, entendre scander « ici, c’est Paris » est fréquent – un peu moins en ces temps troubles pour le PSG. Préparez-vous désormais à entendre « ici, c’est Parry » à Roland-Garros, après la victoire pleine de culot de Diane Parry, la « régionale de l’étape », comme on le formulerait si elle pédalait en lieu et place de trottiner, sur Vera Lapko, 102e mondiale, lundi (6-2, 6-4). Car la Française de 16 ans et 9 mois, plus jeune vainqueure d’une rencontre à Roland-Garros depuis dix ans (elle en avait donc 6 et 9 mois), habite Boulogne-Billancourt depuis son enfance, était à l’école à côté et s’entraîne toute l’année au Centre national du tennis voisin. Bref « c’est un peu comme chez moi ici ». Et chez soi, on peut y venir en trottinette.