Nigel Farage avec des eurodéputés de son parti, à Londres, le 27 mai. / TOLGA AKMEN / AFP

Le paradoxe ne manque pas d’ironie. Selon les estimations du Monde, l’extrême droite sera la principale victime du Brexit en termes de rapports de force au Parlement européen. La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, si elle se réalise un jour, devrait en effet mécaniquement faire plonger le nombre d’eurodéputés de cette tendance de 115 à 90. Le Parti du Brexit de Nigel Farage a en effet décroché 29 sièges au scrutin du 23-26 mai. Or, leur départ ne sera compensé que par l’arrivée de quatre eurodéputés d’extrême droite : un Français du Rassemblement national, un Espagnol de Vox, un Italien de la Ligue et un Néerlandais du Parti de la liberté.

Infographie Le Monde

Ces calculs sont basés sur la règle établie en juin 2018 par le Conseil européen pour le Parlement post-Brexit. Sur les 73 eurodéputés britanniques, il est prévu que 46 sièges soient gelés pour de potentiels futurs élargissements, et 27 réattribués à quatorze pays où la population a augmenté. La France passera, par exemple, de 74 à 79 élus au Parlement de Strasbourg – cinq élus désignés dimanche sont « gelés » jusqu’à l’issue du Brexit. L’Espagne gagne elle aussi cinq sièges.

Il est impossible de connaître le détail pour chaque groupe du Parlement européen, parce que ceux-ci ne seront constitués que début juillet, et que les résultats définitifs ne sont pas encore disponibles partout. Mais les différentes formations ont ces calculs en tête dans l’actuelle négociation des futurs dirigeants de l’UE, la Commission devant être élue par une majorité de députés.

Départ de dix élus du Labour

Il est déjà certain que les députés de tendance conservatrice – actuellement regroupés dans le groupe du Parti populaire européen (PPE) – seront les principaux gagnants du Brexit, en passant de 174 à 177 élus, selon nos estimations. Aucun député britannique ne siège en effet au PPE. De quoi renforcer la position de cette formation quand elle réclame la présidence de la future Commission européenne.

Son principal concurrent, le groupe social-démocrate, devrait en revanche reculer de 149 à 143 sièges du fait du départ des dix élus du Labour, à peine compensé par l’entrée de quatre sociaux-démocrates (Croate, Italie, Espagne, France). Les députés centristes seraient aussi fortement perdants, avec un solde négatif de douze élus en raison du bon score des libéraux-démocrates britanniques au scrutin. Le groupe écologiste et régionaliste perdrait aussi les eurodéputés du Parti nationaliste écossais, et passerait de 78 à 72 élus.

L’impact sera en revanche marginal pour la gauche radicale et les partis de droite nationaliste et souverainiste. Les calculs du Monde peuvent différer de ceux du l’Hémicycle européen, qui continuent de classer les eurodéputés selon les groupes du Parlement sortant. Or, les différents partis de droite radicale et extrême y étaient éclatés entre trois groupes. Ceux de Nigel Farage appartenaient, par exemple, au groupe de l’Europe de la liberté et de la démocratie directe, qui, s’il subsiste, n’aurait pas forcément les moyens de survivre à leur départ.

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