Olivier Giroud, le 9 mai. / Action Images via Reuters/John Sibley

La carrière d’Olivier Giroud s’apparente à un éternel procès en légitimité. Et, davantage que les précédentes, la saison 2018-2019 aura illustré la situation paradoxale dans laquelle se trouve l’attaquant de Chelsea, sacré champion du monde avec les Bleus en Russie l’an dernier, mais sans avoir inscrit le moindre but lors du tournoi. Co-meilleur buteur (10 réalisations au compteur) de la Ligue Europa avec le Serbe Luka Jovic (Eintracht Francfort), il disputera la finale 100 % londonienne de l’épreuve contre son ancien club d’Arsenal (2012-2018), mercredi 29 mai, à Bakou (Azerbaïdjan), avec un statut d’indéboulonnable titulaire.

S’il figure dans le onze type des « Blues » sur la scène européenne, le joueur de 32 ans est abonné au banc des remplaçants en championnat. Depuis l’entame de la saison, l’entraîneur italien de Chelsea, Maurizio Sarri, lui a successivement préféré l’Espagnol Alvaro Morata, prêté cet hiver à l’Atlético Madrid, puis l’Argentin Gonzalo Higuain, prêté, lui, par la Juventus Turin.

Mécontent de « jouer les seconds rôles », Olivier Giroud n’a inscrit que deux buts en Premier League cette saison. Son pire ratio depuis son arrivée en Angleterre, à l’été 2012. Cédé par Arsenal aux « Blues » en janvier 2018, contre 22 millions d’euros, le Savoyard en avait marqué un seul de plus lors de sa première poignée de mois à Chelsea.

Contrat prolongé jusqu’en 2020

« Croyez-moi, je suis très frustré quand je ne suis pas sur le terrain mais je ne veux pas le montrer. Tu dois garder cette frustration pour toi et la transformer en énergie positive sur le terrain », assurait en avril Olivier Giroud, alors que ses rivaux Morata et Higuain n’ont pourtant pas brillé sur les pelouses (dix réalisations à eux deux). A défaut d’avoir du temps de jeu en championnat, le colosse (1m93) s’est donc distingué en Ligue Europa, inscrivant notamment un triplé contre le Dynamo Kiev, en huitièmes de finale retour.

Son statut ambivalent de « joker » n’a toutefois pas entamé son crédit aux yeux du sélectionneur des Bleus, Didier Deschamps. Ce dernier l’a retenu dans sa liste pour les matchs qualificatifs à l’Euro 2020 prévus en Turquie, le 8 juin, et en Andorre, trois jours plus tard. Troisième meilleur buteur (35 réalisations en 89 caps depuis 2011) de l’histoire de l’équipe de France, derrière Thierry Henry (51) et Michel Platini (41), Olivier Giroud devrait rejoindre ses partenaires le 1er juin, soit la veille de la rencontre amicale programmée face à la Bolivie, à Nantes.

Le 21 mai, le trentenaire a choisi de prolonger son contrat d’un an avec Chelsea, avec lequel il est désormais lié jusqu’en juin 2020. Le retour des « Blues » en Ligue des champions, en vertu de leur troisième place en Premier League, et le départ annoncé de l’ailier belge Eden Hazard, convoité par le Real Madrid, ont clairement motivé sa décision.

« Le départ de Hazard doit responsabiliser les autres joueurs et favoriser un jeu offensif basé sur plus de collectif et moins sur l’exploit individuel, souffle-t-on dans l’entourage de l’attaquant français. Cela laissera plus de champ à Olivier pour s’exprimer. » D’autant qu’Alvaro Morata désire rester à l’Atlético Madrid et que les dirigeants de Chelsea ne souhaitent pas, selon la presse anglaise, lever l’option pour un prêt supplémentaire (18 millions d’euros par saison) ou un transfert définitif (36 millions d’euros) de Gonzalo Higuain.

Chelsea interdit de recrutement

De surcroît, Chelsea est interdit de recrutement pour les deux prochains mercatos, soit jusqu’au 31 janvier 2020, en raison d’infractions à la réglementation sur les transferts internationaux de joueurs mineurs. Le 8 mai, le comité d’appel de la Fédération internationale de football a débouté les « Blues », qui s’en remettent désormais à la décision du Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne.

Dans ce contexte, chaque départ peut se révéler problématique pour Chelsea et Olivier Giroud pourrait voir sa cote grimper et les cartes se rebattre au sein du club londonien. « Lors de cette saison de transition, Chelsea aura quand même une belle équipe à disposition pour faire une belle année », estime-t-on dans l’entourage de l’attaquant. Lequel aspirait pourtant à revenir en Ligue 1 ces derniers mois. « J’ai toujours été meilleur dans l’adversité, c’est mon moteur, confiait au Monde, en août 2017, Olivier Giroud, qui n’a découvert l’élite française qu’à 24 ans, en 2010, après avoir longtemps brillé à l’étage inférieur. C’est dans mon ADN d’aller chercher les choses, de ne jamais rien lâcher. »

A Bakou, l’attaquant français espère améliorer ses statistiques et étoffer son palmarès en décrochant sa première compétition européenne. Et ainsi mettre un terme, même temporairement, aux critiques qui fleurissent souvent dans son sillage.