Des agents de la police scientifique inspectent le site de l’attentat au colis piégé dans le centre de Lyon, le 24 mai 2019. / EMMANUEL FOUDROT / REUTERS

Le suspect de l’attentat au colis piégé, qui a fait une dizaine de blessés à Lyon vendredi dernier, va être présenté à un juge antiterroriste en vue d’une mise en examen, notamment pour « tentative d’assassinats terroristes » et « association de malfaiteurs terroristes », a annoncé, vendredi 31 mai, le procureur de Paris, Rémy Heitz, dans un communiqué.

Le suspect avait dans un premier temps choisi de ne pas s’expliquer sur les faits qui lui étaient reprochés. Après moins de trois jours de garde à vue et face aux nombreux éléments rassemblés par les enquêteurs, Mohamed Hichem M., un Algérien de 24 ans, a fait des premiers aveux. Il a ainsi reconnu « avoir déposé » le colis piégé, qu’il avait « préalablement confectionné », devant la boulangerie située rue Victor-Hugo, dans le centre de Lyon, dont l’explosion a fait quatorze blessés légers vendredi 24 mai, a indiqué Rémy Heitz. Le suspect a également indiqué aux enquêteurs avoir prêté allégeance « en son for intérieur » au groupe Etat islamique (EI), sans qu’aucun lien avec le groupe terroriste soit établi pour l’instant.

Le parquet va demander son placement en détention provisoire. Les gardes à vue de ses parents et de son frère ont été levées jeudi « en l’absence d’éléments les mettant en cause à ce stade », peut-on encore lire dans le communiqué du procureur.

Intérêt pour les thèses djihadistes

L’enquête a notamment pu déterminer que l’ADN retrouvé sur trois scellés saisis sur les lieux de l’explosion correspondait au profil génétique de Mohamed Hichem M. Par ailleurs, lors de la perquisition au domicile familial, les enquêteurs ont retrouvé des éléments qui peuvent rentrer dans la composition du TATP, l’explosif qui aurait été utilisé pour le colis piégé : bouteilles d’eau oxygénée, d’acide chlorhydrique et d’ammoniaque, sac kraft contenant des piles, kit de survie, fil électrique, etc.

Les motivations du suspect restent difficiles à saisir, malgré ses premiers aveux. L’exploitation du matériel informatique saisi au cours des perquisitions a toutefois mis en évidence des recherches sur Internet « révélant un intérêt pour les thèses djihadistes et l’activité de l’EI », ainsi que des recherches relatives à la fabrication d’engins explosifs.

Après l’attentat, les enquêteurs ont pu suivre son itinéraire effectué à vélo grâce au croisement de la vidéosurveillance des communes de Lyon et d’Oullins. L’exploitation de ses données téléphoniques et des achats effectués sur Internet a également permis de remonter jusqu’à lui.

Le jeune homme, sans activité, est arrivé en août 2017 grâce à un visa touristique valable quatre-vingt-dix jours. Il se trouvait depuis en situation irrégulière sur le territoire français. Après le refus de la délivrance d’un titre de séjour, il n’avait pas pu s’inscrire dans une école d’ingénierie informatique lyonnaise. Inconnu des services de police, il n’avait jamais été condamné.

Son interpellation lundi matin avait donné lieu à une communication politique plus soucieuse de récupérer les retombées positives d’une enquête rapidement menée que du respect de l’institution judiciaire et du nécessaire secret de l’enquête. Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, avait ainsi lui même annoncé l’arrestation du suspect alors que la perquisition à son domicile n’avait pas commencé.

Son prédécesseur place Beauvau et actuel maire de Lyon, Gérard Collomb, avait, quant à lui, annoncé l’arrestation d’une deuxième personne alors même que sa garde à vue n’avait pas débuté. Le procureur de la République de Paris avait ensuite rappelé dans un communiqué qu’il était le seul à pouvoir communiquer des éléments objectifs de l’enquête.

(Avec AFP)