BFM-TV diffusera bien la finale de la Ligue des champions, malgré les réserves du CSA
BFM-TV diffusera bien la finale de la Ligue des champions, malgré les réserves du CSA
Par François Bougon
L’organisme pense que la chaîne d’information en continu contrevient à ses obligations en proposant le match entre Liverpool et Tottenham, samedi soir.
Malgré l’avertissement du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), le groupe Altice diffusera bien, samedi 1er juin au soir, la finale de la Ligue des champions sur sa chaîne d’information en continu BFM-TV. « Nous ne sommes absolument pas dans une logique d’affrontement avec le CSA, nous avons seulement une différence d’appréciation sur notre convention », explique au Monde, à quelques heures de la rencontre entre Liverpool et Tottenham à Madrid, Alain Weill, PDG d’Altice France.
Son groupe, qui dispose des droits de la plus prestigieuse des compétitions européennes de football jusqu’en 2021, a obligation de proposer le match en clair, malgré la diffusion en payant auprès des abonnés de RMC Sport. Le groupe de Patrick Drahi aurait pu choisir de diffuser la rencontre sur RMC Story, comme il l’a fait mercredi lors de la finale de la Ligue Europa entre Chelsea et Arsenal, mais il a finalement opté pour cette solution inédite de BFM-TV.
« Après une période où la France a vécu des tensions et des violences à l’occasion du mouvement des “gilets jaunes”, nous voulons proposer un moment fédérateur et positif aux Français », assure M. Weill. La chaîne d’information en continu avait été l’objet des critiques des « gilets jaunes », qui l’accusaient de ne pas rendre compte avec justesse de la mobilisation.
Pour Alain Weill, il s’agit d’une diffusion « exceptionnelle » – « je ne suis pas sûr que l’année prochaine nous refassions la même chose » –, qui ne mérite pas tant de bruit et de fureur. Les concurrents de BFM-TV (France Télévisions, TF1, M6 et Canal+) ont tous fait part de leurs doutes au CSA, jugeant que la convention de la chaîne en continu ne lui permettait pas de diffuser une telle compétition. Un jugement partagé par l’organisme de régulation, qui a envoyé un courrier en ce sens en avril à M. Weill.
« Il n’y a des préjudices pour personne »
« L’article 3-1-1 de la convention conclue entre le Conseil et la société BFM-TV prévoit que “le service est consacré à l’information, notamment à l’information économique et financière” et que “la programmation peut être complétée, le samedi et le dimanche, par des rediffusions d’événements d’anthologie du sport” », a indiqué le CSA. Cependant, il estime que « la retransmission de la finale de la Ligue des champions ne correspondrait à aucune des deux catégories de programmes susmentionnées ».
Contacté, le CSA s’en tient à ce texte, expliquant attendre la diffusion éventuelle du match pour prendre ses responsabilités. Roch-Olivier Maistre, son président, expliquait dans Le Journal du dimanche « comprendre d’autant moins que le groupe a une alternative qui ne poserait aucune difficulté : le montrer sur une autre chaîne en clair telle que RMC Story ». Dans les colonnes de L’Equipe, Gilles Pélisson, PDG du groupe TF1, estime, lui, qu’« en faisant ce pied de nez au CSA [Alain Weill] se met volontairement hors jeu ».
M. Weill réplique que la convention lui permet de retransmettre sur BFM-TV des « événements d’importance majeure » et rappelle que LCI, la chaîne d’information en continu de TF1, a diffusé le match France-Australie en différé lors du dernier Mondial. « Il n’y a des préjudices pour personne. Que fait-on de mal ? Est-ce que ça mérite une sanction ? », ajoute-t-il, sûr de son bon droit. Les équipes de BFM-TV, elles, sont déjà sur place, préparant donc cet « événement d’importance majeure » qui suscite tant d’émotions dans le petit monde audiovisuel.