Un soldat passe devant des véhicules blindés de l’armée israélienne sur le plateau du Golan occupé par Israël, le 25 mars 2019. / Ammar Awad / REUTERS

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a annoncé dimanche 2 juin avoir ordonné des tirs de missiles contre des positions de l’armée syrienne après que des roquettes syriennes ont visé le territoire israélien. « Nous n’allons pas tolérer des tirs contre notre territoire », a déclaré M. Nétanyahou dans un communiqué.

Dans un autre communiqué publié simultanément, l’armée israélienne indique « tenir pour responsable » le régime syrien pour « chaque action entreprise contre Israël ». Selon la même source, deux roquettes ont été tirées contre le mont Hermon, sur le plateau du Golan, samedi tard dans la soirée, dont une a été « localisée en territoire israélien ». En réponse, l’armée israélienne a attaqué « deux batteries syriennes d’artillerie, un nombre de postes d’observations et de renseignements sur les hauteurs du Golan et une batterie de défense aérienne SA-2 », ajouté le communiqué. 

Défenses antiaériennes

« Durant les frappes, un système de défense aérien israélien a été activé en raison de tirs de la défense antiaérienne syrienne. Aucune roquette n’a explosé en Israël », poursuit le communiqué.

Auparavant, à Damas, une source militaire syrienne, citée par l’agence de presse officielle Sana, avait affirmé que la défense antiaérienne de l’armée syrienne était entrée en action dimanche contre des « missiles ennemis » tirés depuis Israël en direction de « positions » au sud-ouest de Damas. « Dimanche à l’aube, des cibles aériennes ennemies sont arrivées depuis le Golan occupé » par Israël, avait précisé la source militaire. Selon Sana, trois soldats syriens ont été tués et sept ont été blessés.

Des positions iraniennes en Syrie visées

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a affirmé que « des entrepôts et des positions » où sont stationnées forces syriennes, forces iraniennes et des combattants du mouvement libanais du Hezbollah, alliés de Damas, ont été prises pour cible, dans la région de Kesswa. Situé au sud-ouest de la capitale, ce secteur a déjà été visé à plusieurs reprises par le passé.

Depuis le début du conflit en Syrie en 2011, Israël a mené plusieurs raids contre le pouvoir de Bachar Al-Assad mais aussi ses alliés indéfectibles, l’Iran et le Hezbollah, de grands ennemis de l’Etat hébreu. Les dernières frappes imputées à Israël en Syrie remontent au 17 mai. La défense antiaérienne syrienne était entrée en action pour intercepter des « cibles ennemies » visant le sud syrien.

L’Etat hébreu martèle régulièrement qu’il ne laissera pas la Syrie voisine devenir la tête de pont de Téhéran. En janvier, Israël avait frappé des positions iraniennes en Syrie, disant agir en riposte à un tir de missile iranien venu du pays en guerre. Selon l’OSDH, 21 personnes, principalement des Iraniens, avaient été tuées dans ces frappes.

En septembre 2018, un avion militaire de la Russie, alliée de Damas, avait été abattu accidentellement par la défense antiaérienne syrienne, entrée en action pour bloquer des tirs israéliens.

Rupture

Cette façon de revendiquer les opérations militaires en Syrie est une rupture récente dans la politique israélienne. Jusqu’alors, la stratégie de l’ambiguïté prévalait, permettant aux Syriens et aux Iraniens de s’abstenir de répondre, évitant ainsi une escalade. Et ce même s’il était difficile, en Syrie, de conduire une opération aérienne sans que les acteurs présents s’en aperçoivent.

Mais deux facteurs ont modifié la donne. Le premier est le retrait américain de Syrie, annoncé par le président américain, Donald Trump, en décembre 2018. Israël veut donner les preuves que sa détermination militaire reste intacte pour empêcher une implantation iranienne dans le pays, dont le territoire a été largement repris par le régime de Damas.

Enfin, la politique intérieure ne peut être négligée. Benyamin Nétanyahou, qui assume depuis la mi-novembre le portefeuille de ministre de la défense, a besoin de rétablir son image écornée de meilleur garant de la sécurité nationale dans un contexte politique peu favorable. Mercredi 29 mai, les députés de la 21e Knesset ont voté la dissolution de leur assemblée, élue le 9 avril. En cause : l’incapacité de Nétanyahou de constituer une coalition d’au moins 61 députés, un des plus graves revers de sa carrière.