Le président du conseil italien, Giuseppe Conte, lors d’une conférence de presse au palais Chigi, à Rome, lundi 3 juin. / REMO CASILLI / REUTERS

Le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, a menacé lundi 3 juin de démissionner si la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) ne mettaient pas fin à leurs polémiques. Lors d’une conférence de presse archicomble, il a sommé Matteo Salvini (La Ligue) et Luigi Di Maio (M5S), les deux vice-présidents du conseil, de décider rapidement s’ils veulent des élections anticipées ou préfèrent continuer à gouverner ensemble.

« Je demande à chacune des deux forces politiques de faire un choix et de me dire si elles ont l’intention de suivre encore le contrat de gouvernement », a déclaré le premier ministre italien. Faute de quoi, « je remettrai simplement mon mandat », a-t-il lancé. « Je demande une réponse claire, sans équivoque, et aussi rapide, si vous me le permettez », a insisté le président du conseil italien, tout en refusant de fixer un délai.

Le gouvernement d’union Ligue-M5S, déjà handicapé depuis un an par la nette différence entre les deux alliés, tangue depuis les élections européennes du 26 mai, qui ont renversé le rapport de force.

Le M5S de Luigi Di Maio, qui avait obtenu 32,5 % des voix aux législatives de mars 2018, a chuté à 17 % lors des élections européennes. Au contraire, la Ligue de Matteo Salvini est sortie plus forte avec 34 % des voix (contre 17 % aux législatives). Le parti d’extrême droite entend donc désormais dicter l’agenda, en particulier face aux menaces de sanctions européennes devant la détérioration des comptes publics.

« Nous sommes appelés à dessiner l’avenir du pays »

M. Conte a exigé lundi « une collaboration loyale » de tous ses ministres, sans exception :

« Une collaboration loyale signifie que s’il y a des questions politiques à soulever, on ne lance pas des signaux ambigus dans les journaux mais on en parle surtout avec le chef du gouvernement. (…) Si nous continuons les polémiques par voie de presse et les bons mots sur les réseaux sociaux, nous ne pouvons pas continuer à travailler. »

Le président du conseil semblait également s’attaquer à M. Salvini et sa perpétuelle campagne électorale, menée tambour battant sur Twitter, Instagram ou Facebook :

« Nous sommes appelés à dessiner l’avenir du pays, ce qui est autre chose que de faire plaisir aux foules sur les places publiques ou de récolter des “like”. »

M. Conte a par ailleurs déclaré que l’élaboration du budget 2020 à l’automne serait une tâche complexe pour son gouvernement et que l’Italie avait besoin de la confiance des marchés financiers.

La Commission européenne a officiellement demandé la semaine dernière à l’Italie de s’expliquer sur la détérioration de ses comptes publics, une démarche qui pourrait aboutir à l’ouverture d’une procédure disciplinaire contre Rome. M. Conte a estimé que son gouvernement devait respecter les règles budgétaires actuelles de l’Union européenne.