(FILES) In this file photo taken on October 09, 2018 French rightwing Les Republicains (LR) opposition party president Laurent Wauquiez attends a press conference held at the party's headquarters in Paris. Wauquiez announced on June 2, 2019, his resignation from his position as president of the French right-wing Les Republicains (LR) party. / AFP / Philippe LOPEZ / PHILIPPE LOPEZ / AFP

Editorial du « Monde ». Depuis l’échec de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2012, les prétendants à sa succession n’en finissent pas de rétrécir la droite. Laurent Wauquiez, le dernier en date, n’aura pas fait exception. Sa démission de la présidence des Républicains (LR), dimanche 2 juin, sanctionne le spectaculaire revers de la liste conduite par son poulain, François-Xavier Bellamy, aux élections européennes du 26 mai : avec 8,48 % des suffrages exprimés, le parti a enregistré son plus mauvais score sous la Ve République.

Sept ans après la guerre Copé-Fillon, LR était de nouveau entré dans une périlleuse phase de balkanisation. Après avoir tenté de s’accrocher, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a dû se rendre à l’évidence : au Sénat, Gérard Larcher avait pris la tête de la résistance de la droite modérée ; à l’Assemblée nationale, une vingtaine de députés menaçaient de faire dissidence. Plus personne n’avait l’intention d’obéir au patron de LR qui, deux ans durant, avait assuré pouvoir redresser son parti en incarnant une ligne dure.

Son pari était de contrer le Rassemblement national en survalorisant, comme lui, les thématiques sécuritaires et identitaires, tout en continuant de défendre, en économie, la matrice libérale qui avait permis, en 2002, d’unir la droite et le centre. Ce faisant, Laurent Wauquiez a commis une double faute stratégique et morale : Marine Le Pen a continué de progresser, tandis qu’une partie de la droite modérée a marqué sa réprobation en allant voter pour la liste macroniste. LR s’est dévitalisé par les deux bouts.

Le maillon faible

Le parti de la droite classique est devenu si faible que, durant la seule journée de dimanche, il a été victime de deux tentatives d’OPA. Le matin, dans Le Journal du dimanche, le ministre chargé des collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, a appelé les maires de droite à le quitter pour s’allier avec La République en marche. Le soir, sur LCI, Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen, est sortie de sa retraite pour prôner l’alliance de la droite et du Rassemblement national sur la base d’un « grand compromis patriotique ». A moins d’un an des élections municipales, les élus LR sont devenus le maillon faible, sommés de choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen pour se faire réélire.

Ce climat rappelle celui qui prévalait avant les élections régionales de 1998, lorsque cinq présidents de région, tous membres du parti républicain, avaient pactisé avec le Front national pour sauver leur mandat. Quelques mois auparavant, Jean d’Ormesson avait pris la plume dans Le Figaro pour appeler à « lever les tabous ». Cette fois, c’est Yvan Riouffol, dans son bloc-notes, paru vendredi 31 mai dans le même quotidien, qui reprend le flambeau : « Le parti de Wauquiez devra, sous la pression de la base, s’ouvrir à des rapprochements avec le RN, qui ne peut être qualifié d’extrême droite ni de raciste », écrit l’éditorialiste.

Aux régionales de 1998, Jacques Chirac, Philippe Séguin et Nicolas Sarkozy avaient uni leurs forces pour éviter l’alliance contre nature. Aujourd’hui, Gérard Larcher, Valérie Pecresse, François Baroin s’assignent le même objectif, mais sans être assurés d’y parvenir : à force de singer le Rassemblement national, LR a largement perdu sa raison d’être. Sa survie est en jeu.