Extrait de « The art of TV ». / OCS

LA LISTE DE LA MATINALE

Une fois n’est pas coutume, nous vous proposons cette semaine trois documentaires consacrés aux séries, en attendant que déferle, en ce début du mois de juin, une nouvelle vague de productions sérielles très attendues : la saison 5 de Black Mirror le 5 sur Netflix, la saison 3 de The Handmaid’s Tale le 6 sur OCS, la saison 2 de Big Little Lies le 10 sur OCS, sans oublier la saison 2 de Pose, le 12 sur MyCanal…

« Binge Mania », la boulimie de séries

Binge Mania - Génération séries (extrait)
Durée : 01:28

Après des documentaires sur notre appétit de séries (Séries Addict, 2011), sur le quasi « deuil » à faire lorsqu’est mis un point final à nos fictions préférées (Fins de séries, 2017) et sur Les Génériques de séries (2018), le journaliste des Inrocks Olivier Joyard analyse, dans Binge Mania, cette façon d’engloutir les épisodes à la suite, à la manière du « binge drinking », la biture express. Rendu possible dès l’apparition des DVD dans les années 2000, et, surtout, grâce à celle des plates-formes de vidéo telles que Netflix, avec lesquelles les saisons sont à disposition en un clic, ce mode de consommation des séries aurait, au bout du compte, changé la façon dont les créateurs les construisent. C’est ce qu’explique l’un des nombreux intervenants de ce documentaire – parmi lesquels les très pertinents John Landgraf, directeur de la chaîne américaine FX, et Maureen Ryan, journaliste critique de séries.

Déviant étonnamment de son sujet principal, la fin du documentaire s’intéresse au succès des séries israéliennes, en donnant la parole au très sagace créateur Hagaï Levi (In Treatment, The Affair), avant de regretter le nombre encore très réduit de « showrunneuses ».

Binge Mania, documentaire d’Olivier Joyard (Fr., 2019, 73 min). Sur MyCanal jusqu’au 14 juin.

« Game of Thrones » : derrière les décors de la dernière saison

Game of Thrones: The Last Watch | Official Documentary Trailer | HBO
Durée : 01:11

Oui, bien sûr, GoT, c’est fini. Mais la chaîne américaine HBO avait prévu une queue de comète pour sa série phare en permettant à la cinéaste britannique Jeanie Finlay de pénétrer dans les coulisses du tournage de son ultime saison. D’où Game of Thrones : The Last Watch, un documentaire de presque deux heures qui suit les pas de tous ceux (productrices, réalisateurs, responsable de la neige, maquilleuses, figurants, cascadeurs, vendeuse de sandwiches, etc.) qui ont participé avec passion à la fabrication de GoT, souvent jusqu’aux limites de leurs forces.

Que l’on ne s’attende donc pas à entendre ici les créateurs de la série, David Benioff et D.B. Weiss, devisant sur leurs choix scénaristiques, ou les acteurs principaux disserter sur l’évolution de leur personnage. L’on y perçoit néanmoins le choc émotionnel de Kit Harington (Jon Snow) découvrant, lors de la première lecture en commun du scénario, qu’il mettra fin aux jours de Daenerys, l’appréhension de tous à l’idée de devoir tourner cinquante-cinq nuits d’affilée pour la bataille de l’épisode 3, « La Longue Nuit », la technophobie du réalisateur emblématique de la série, David Nutter, qui aura dessiné le croquis de chaque scène à la main, sans compter les échanges savoureux entre des figurants fiers de représenter la Maison Stark face aux soldats de la détestable Maison Lannister…

Game of Thrones : The Long Watch, documentaire de Jeanie Finlay (EU, 2019, 110 min). Sur OCS GO pendant trois mois.

« The Art of TV », saison 2 : paroles de cinéastes

Dans un premier volet de sa série documentaire The Art of Television : les réalisateurs de séries, en 2017, la journaliste d’OCS Charlotte Blum explorait la vision et les méthodes de travail de réalisateurs de la télévision américaine : ces artisans qui se mettent au service des créateurs-producteurs de séries – les showrunners. Elle propose une nouvelle salve de portraits : cette fois, des réalisateurs venus du cinéma qui choisissent le petit écran.

Ce deuxième volet se décline en quatre rencontres : avec Judd Apatow (40 ans, toujours puceau, Girls), Vincenzo Natali (Splice, Hannibal, Westworld), Michel Gondry (Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Kidding) et Barry Levinson (Rain Man, Homicide : A Year in the Killing Streets, Oz).

S’il est une rencontre à ne pas manquer, c’est bien celle avec le réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain Barry Levinson. Après avoir reçu quatre Oscars pour Rain Man et travaillé avec les plus grands noms du cinéma, il faisait le choix, en 1993, d’adapter non pas en film mais en série le livre de David Simon Homicide : A Year in the Killing Streets, y inventant une nouvelle forme de réalisation dont il détaille les raisons et les caractéristiques de manière claire et passionnante.

Pour sa part, le réalisateur, scénariste et producteur canadien Vincenzo Natali, qui créa son premier film, Cube, en 1997, revient sur l’évolution des deux industries : selon lui, le cinéma ne vit plus que de franchises et ne recherche plus que l’argent, alors que c’est à la télévision que peut se créer « quelque chose d’original, de novateur ». Aujourd’hui, conclut-il, la télévision « est moins un médium d’auteurs, même si cela reste très important, qu’un médium de réalisateurs et de cinéastes ».

The Art of Television. Les réalisateurs de séries, saison 2, série documentaire conçue et réalisée par Charlotte Blum (Fr., 2019, 4 × 26 min). Sur OCS GO