Des migrants attendent de recevoir de l’eau et de la nourriture fournies par l’ONG Emmaus, le 12 mai 2017 à Grande-Synthe. / PHILIPPE HUGUEN / AFP

Amnesty International appelle la France à « mettre fin au harcèlement et aux agressions » à l’encontre des défenseurs des droits humains qui aident les migrants à Calais et Grande-Synthe, selon un rapport de l’ONG publié mercredi 5 juin.

« La France doit mettre fin au harcèlement et aux agressions » contre les défenseurs des droits humains « et doit ouvrir un dialogue constructif », explique Amnesty International tout en demandant de « prendre immédiatement des mesures pour assurer un environnement sûr et favorable » pour ces personnes à Grande-Synthe (Nord) et à Calais (Pas-de-Calais).

Depuis le démantèlement de la  « Jungle » de Calais en 2016, les défenseurs des droits humains disent  « subir une pression croissante » : « leurs actions sont systématiquement entravées », ils sont « soumis à des actes d’intimidation et de harcèlement, à des mauvais traitements et, dans certains cas, font l’objet de poursuites judiciaires infondées », selon le rapport. Un traitement « intrinsèquement lié à la manière dont sont traités » les migrants eux-mêmes.

« Fauteurs de trouble »

Face à cela, Amnesty qui a enquêté pendant deux ans demande aux autorités françaises de  « reconnaître publiquement le rôle important que jouent les militants pro-migrants à Calais et Grande-Synthe » et de « veiller à ce que les forces de l’ordre actives dans la région se conforment aux règles d’intervention les plus strictes ». L’Etat considère ces militants comme « des fauteurs de troubles », selon l’ONG qui rappelle que « la Ville de Calais a pris deux arrêtés interdisant la distribution de nourriture en mars 2017 et a bloqué l’installation de douches provisoires sur un terrain appartenant à une organisation caritative locale ».

Contrôles d’identité, contraventions de stationnement à l’encontre des véhicules livrant de la nourriture... « Les forces de l’ordre ont essayé d’empêcher les défenseurs des droits humains de distribuer des vivres à Calais », estime Amnesty, tout en soulignant qu’ils ont été victimes de « campagnes de dénigrement » et « harcèlement ». Par ailleurs, le rapport rappelle le cas du militant britannique Tom Ciotkowski, qui « a observé des CRS en train de procéder à des contrôles d’identité sur des bénévoles » à Calais et aurait été victime de « violences » d’un CRS. Son procès pour « outrage et violence » doit s’ouvrir le 13 juin à Boulogne-sur-Mer.

L’ONG a rencontré trente-huit défenseurs des droits humains entre août 2018 et janvier 2019 dont des bénévoles et des membres d’une dizaine d’associations qui sont basées à Calais et Grande-Synthe, où des camps de migrants étaient régulièrement évacués.