Ponso, dernier survivant d’une colonie de 20 chimpanzés, près de Grand Lahou, en Côte d’Ivoire, en août 2017. / ISSOUF SANOGO / AFP

Sous la pression de l’urbanisation et de la chasse, les chimpanzés ne survivent plus que dans des îlots de nature de plus en plus petits, se sont alarmés, mardi 4 juin, des primatologues spécialistes de ce plus proche parent des humains. Les quatre sous-espèces du primate africain sont menacées d’extinction et l’une d’entre elles, le chimpanzé verus, a perdu plus de 80 % de sa population en trois générations.

Après une réunion en Allemagne, 40 experts du monde entier ont lancé un appel pour sauver cet animal qui partage près de 99 % des gènes de l’homme. « Nous étudions des communautés de chimpanzés depuis des décennies et nous avons tous vu nos groupes d’étude devenir de plus en plus isolés, ont-ils souligné dans un communiqué. Les chimpanzés en sont réduits à vivre dans des ghettos forestiers. »

Comme beaucoup d’autres gros animaux, la principale menace qui pèse sur ces singes est la perte de leur habitat, réduit par l’extension des villes qui abritent une population en hausse, les industries minières, la déforestation et l’agriculture. Les chimpanzés sont aussi chassés pour leur viande ou abattus par les fermiers qui veulent protéger leurs cultures.

Une présence bénéfique des chercheurs

Anne Pusey a travaillé dans le parc national de Gombe, en Tanzanie, pendant quarante ans. Mais ce parc, où la primatologue Jane Goodall a mené les travaux qui l’ont rendue célèbre, est devenu « une petite île entourée par des terres agricoles denses, conduisant à la réduction de deux des trois communautés de chimpanzés dans le parc et à la disparition d’une communauté à l’extérieur », a-t-elle regretté dans le communiqué de l’Institut Max-Planck.

Les primatologues réunis en Allemagne ont toutefois noté que la présence permanente de chercheurs sur le terrain permettait de maintenir un nombre plus élevé de singes en comparaison à d’autres zones. Ils ont ainsi appelé à ce que ces groupes en meilleure santé bénéficient d’une « protection spéciale intense » de la part des chercheurs et des autorités locales. « Plus d’investissements doivent être faits dans la recherche pour que nous puissions comprendre vraiment la diversité de ces populations avant qu’il ne soit trop tard », ont-ils ajouté.