Une entreprise de recyclage de plastique à Nairobi, la capitale du Kenya, en juin 2018. / Baz Ratner / REUTERS

Le nombre de pays pauvres s’est fortement réduit sur la planète, mais les perspectives s’annoncent rudes pour le dernier carré. Selon la Banque mondiale, qui leur consacre un chapitre spécial dans ses dernières prévisions économiques publiées mardi 4 juin, le monde compte cette année 34 Etats classifiés « à bas revenus », c’est-à-dire affichant un revenu annuel par habitant égal ou inférieur à 995 dollars (885 euros).

Ils étaient encore 64 en 2001. Dans l’intervalle, près de la moitié a donc rejoint le bataillon des économies dites « à revenu intermédiaire », portées notamment par une croissance rapide. Les pays exportateurs de pétrole, de gaz ou d’aluminium ont ainsi tiré profit du supercycle des matières premières qui a vu les cours de l’énergie et des métaux plus que tripler entre 2001 et 2011 et le prix des produits agricoles augmenter de près de 150 %.

Cette manne a gonflé les recettes fiscales des Etats, dont une bonne partie a, en sus, bénéficié des opérations d’annulation de dettes des années 2000. Résultat : des comptes assainis et un surplus de devises permettant d’accroître les dépenses sociales et les investissements dans les infrastructures. L’accès à l’électricité s’est amélioré, passant de 30 % à 53 % de la population pour la moyenne des 64 pays à bas revenus de 2001. Les moyens de communications se sont accrus, sur fond de développement rapide du mobile. Les taux de scolarisation ont nettement augmenté.

La Banque mondiale insiste aussi sur les bénéfices de l’intégration commerciale, certains pays ayant adhéré à des zones de libre-échange, comme la Moldavie ou le Nicaragua. En Afrique subsaharienne également, quelques accords régionaux (Burundi, Kenya, Rwanda, Tanzanie, Ouganda, par exemple) ont stimulé les échanges et permis d’attirer davantage d’investissements étrangers.

Désavantage géographique

Mais cette dynamique semble désormais enrayée. Les chances des pays toujours catalogués parmi les plus pauvres de la planète d’accéder à la marche supérieure du « revenu intermédiaire » sont « faibles », estime la Banque mondiale. L’institution spécialisée dans le développement évoque plusieurs facteurs. Ainsi, plus de la moitié d’entre eux pâtissent de situations de conflit, de violences ou d’instabilité. Plus souvent qu’ailleurs, les gouvernements y sont faibles, les institutions, de mauvaise qualité, et les caisses, vides. L’aide internationale devient alors l’unique palliatif pour financer les dépenses les plus fondamentales.

Beaucoup souffrent également d’un désavantage géographique. La très grande majorité des économies à bas revenus se trouve désormais concentrée en Afrique. Au risque de créer un phénomène d’enclavement, en marge des grands flux commerciaux.

Facteur aggravant, la quasi-totalité d’entre elles est très dépendante de l’agriculture (celle-ci compte pour 30 % en moyenne de leur produit intérieur brut). Le changement climatique et ses conséquences (sécheresses, tempêtes et inondations) risquent de les frapper plus durement qu’ailleurs. A tout cela s’ajoutent des niveaux d’endettement en constante augmentation. Au point que certains s’alarment de voir se développer en Afrique une nouvelle crise de la dette.

Aujourd’hui, « les pays à bas revenus représentent moins d’un dixième de la population mondiale (...) Cependant, ils abritent 40 % des personnes vivant dans l’extrême pauvreté », conclut la Banque mondiale.