Il s’appelle Uptis, c’est le dernier « bébé » de Michelin, et il a pour caractéristique principale d’être complètement dépourvu d’air comprimé, donc increvable. Présenté mardi 4 juin à Montréal lors du Salon de la mobilité durable Movin’On (organisé par la firme de Clermont-Ferrand), ce pneu est l’occasion d’un partenariat inédit entre Michelin et le géant américain de l’automobile General Motors (GM).

Les deux groupes ont en effet annoncé « avoir conclu un partenariat de recherche dans le cadre duquel les deux sociétés comptent tester et éprouver le prototype Uptis afin d’en équiper des voitures dès 2024. » Le pneu en question a déjà été testé sur des modèles actuels d’une petite citadine électrique du groupe de Détroit. Le communiqué de presse indique que ces essais vont se poursuivre à plus grande échelle « plus tard cette année (…), en conditions réelles sur une flotte de véhicules Bolt dans le Michigan, aux Etats-Unis. »

Même sans air comprimé, le pneu, d’une classique couleur carbone, peut supporter le poids et la vitesse d’un véhicule grâce à une architecture particulière, largement alvéolée, et à l’emploi de matériaux composites. Il devrait permettre de se passer d’une roue de secours, avec à la clé des économies et un gain de place et de poids.

La concurrence n’est pas en reste

Ce n’est pas la première fois qu’un pneu sans air est dévoilé. Michelin avait lancé dès 2005 le « Tweel », lui aussi dépourvu d’air comprimé et qui équipe désormais des véhicules non-routiers allant du tracteur-tondeuse à l’engin de chantier. Il y a deux ans, le groupe clermontois avait révélé son pneu-concept Vision, sans air, connecté, imprimable en 3D, dont s’inspire Uptis.

La concurrence n’est pas en reste. Le Japonais Bridgestone, numéro un mondial du secteur devant Michelin, a lui aussi des prototypes de pneus sans air. Toyota et Sumitomo ont également présenté en 2017 des concepts de véhicules électriques et hydrogène sur pneus sans air.

Mais avec ce nouveau projet, Michelin et GM passent à la vitesse supérieure en mettant en place des tests grandeur nature menant à une commercialisation dans les cinq ans. Le choix du partenaire n’est pas anodin. La filiale Cruise de GM est l’un des pionniers mondiaux du véhicule autonome destiné au co-voiturage.

Les deux partenaires présentent le nouveau pneu, non seulement comme un moyen pour les flottes automobiles de réduire les coûts de maintenance, mais aussi comme une avancée en termes de développement durable. « Cette innovation de rupture permet à tous, de réaliser des économies considérables en faveur de l’environnement, en utilisant moins de matières premières pour fabriquer des pneus ou des roues de secours », vante le fabricant français.