Le président libérien George Weah, à Paris, en novembre 2018. / POOL New / REUTERS

Des heurts ont éclaté mercredi 5 juin au Liberia entre les forces de l’ordre et plusieurs dizaines d’opposants au président George Weah, après l’interpellation de l’un des principaux organisateurs d’une grande manifestation qui doit se tenir vendredi 7 juin dans ce pays d’Afrique de l’Ouest au passé violent. « Libérez notre héros. On ne partira pas tant qu’ils n’auront pas libéré notre leader », chantaient les manifestants en marchant vers le quartier général de la police à Monrovia, rejoints par des dizaines d’étudiants de l’université d’Etat toute proche, selon un correspondant de l’AFP.

La police a fait usage de gaz lacrymogène pour empêcher le cortège d’atteindre son QG et les manifestants ont répliqué par des jets de pierres. Les forces de l’ordre ont ensuite procédé à plusieurs interpellations, selon la même source.

Député de l’opposition et cheville ouvrière de la manifestation de vendredi, Yekeh Kolubah avait été interpellé en début de journée pour répondre aux allégations d’un homme l’accusant d’avoir « ordonné à ses gardes du corps de le battre à mort », a ensuite expliqué à la presse un autre leader de la contestation, Henry Costa.

Le député a été remis en liberté après quelques heures sur intervention du président du Parlement et aucune charge n’a été retenue contre lui à ce stade, l’enquête étant toujours en cours, a ajouté M. Costa, un animateur radio très populaire au Liberia.

Une inflation galopante

De nombreuses associations de la société civile, réunies au sein d’un « conseil des patriotes » et bénéficiant du soutien de partis de l’opposition, ont prévu depuis deux mois d’organiser une grande manifestation le 7 juin contre le gouvernement de George Weah, au pouvoir depuis début 2018.

Leurs revendications vont de la prise de mesures pour résorber la crise économique que traverse le pays, avec une inflation galopante causée par une chute de la valeur de la monnaie nationale, à la mise en place d’un tribunal pour juger les responsables de la guerre civile qui a fait quelque 250 000 morts de 1989 à 2003, en passant par un renforcement de la lutte contre la corruption.

Alors que la communauté internationale s’inquiète des risques de violences, malgré des engagements pris par les organisateurs, les autorités ont indiqué qu’elles n’auraient pas les moyens de garantir la sécurité si la protestation se prolongeait au-delà de la journée de vendredi, comme le souhaite notamment M. Costa.

George Weah a annoncé le 29 mai le changement de la direction de la Banque centrale du Liberia (CBL), critiquée pour sa conduite d’opérations monétaires, ainsi que le lancement d’un programme du Fonds monétaire international (FMI) pour stabiliser la fragile économie du pays. « Le défi économique auquel nous sommes confrontés aujourd’hui est lié à la structure de notre économie », a-t-il déclaré, soulignant la chute des cours du minerai de fer et du caoutchouc, ainsi que la diminution de l’aide internationale dont a bénéficié le pays au lendemain de la guerre civile.