La frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, à Tijuana, en janvier. / Gregory Bull / AP

Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a estimé, mercredi 5 juin, que les négociations avec le Mexique avançaient, mais de manière très insuffisante. Il a ainsi à nouveau promis de taxer tous les biens en provenance de son voisin à partir de lundi si Mexico ne l’aidait pas à bloquer les migrants toujours plus nombreux à franchir leur frontière commune.

« Les discussions sur l’immigration à la Maison Blanche avec des représentants du Mexique sont terminées pour la journée », a tweeté le président américain, en voyage en Europe. Les discussions doivent reprendre jeudi.

Le ministre des affaires étrangères mexicain Marcelo Ebrard a reconnu de son côté lors d’une conférence de presse à Washington après une réunion entre hauts responsables des deux pays que la situation à la frontière avec les Etats-Unis ne pouvait pas perdurer.

Le locataire de la Maison Blanche avait annoncé, la semaine dernière, l’application, à partir du 10 juin, d’une taxe de 5 % sur tous les biens provenant du Mexique. Celle-ci pourrait augmenter progressivement chaque mois, jusqu’à 25 % le 1er octobre.

Plus de 144 000 migrants arrêtés en mai

En l’absence de Donald Trump, le vice-président Mike Pence a reçu mercredi le chef de la diplomatie mexicaine Marcelo Ebrad à la Maison Blanche, pour des discussions auxquelles a également participé le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo.

Juste avant cette réunion cruciale pour l’économie des deux pays, les garde-frontières américains ont annoncé que plus de 144 000 migrants avaient été arrêtés en mai à la frontière sud des Etats-Unis, une hausse de 32 % par rapport à avril, et un niveau inégalé depuis sept ans.

Près de 133 000 d’entre eux ont été interpellés alors qu’ils traversaient illégalement la frontière et plus de 11 000 ont été refoulés aux ports d’entrée. Plus de 57 000 étaient des mineurs, dont près de 12 000 non accompagnés, ont précisé les autorités, décrivant une « situation d’urgence absolue ».

Renforcer la frontière avec le Guatemala

Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration illégale un marqueur de sa présidence. Il a accusé à maintes reprises le Mexique de passivité face à cette crise et brandi la menace de taxes. Malgré l’opposition de nombreux républicains, inquiets des conséquences pour l’économie américaine, il a assuré mardi qu’il ne « bluffait pas ».

De son côté, le conseiller économique de la Maison Blanche Peter Navarro a posé trois conditions aux négociateurs mexicains : « Ils peuvent s’engager à prendre tous les demandeurs d’asile et à leur appliquer les lois mexicaines, qui sont bien plus strictes que les nôtres », a-t-il déclaré sur la chaîne CNN. Il a également demandé à Mexico de renforcer sa frontière sud avec le Guatemala, « plus courte » et « plus facile à surveiller » que celle avec les Etats-Unis. Enfin, il a exigé que le Mexique lutte contre la corruption de ses agents aux postes-frontières.

Après l’entrée en fonction de Donald Trump en janvier 2017, les arrestations à la frontière étaient inférieures à 20 000 par mois. Elles ont connu depuis une hausse constante, dépassant les 100 000 en mars, avril et mai.