« Il n’y a pas de plastique au paradis », est-il écrit sur cette affiche murale de l’artiste Mario Jin, placardée à Naviglio, près de Milan (Italie). / MIGUEL MEDINA / AFP

Au fond des océans, sur les pentes de l’Everest… et dans votre organisme. L’homme ingère et respire chaque jour des dizaines de microparticules de plastique. C’est la conclusion de recherches publiées mercredi 5 juin, alors qu’on apprenait par ailleurs une hausse (continue) de la production mondiale de matières plastique.

Selon une équipe de chercheurs canadiens, un homme adulte ingère jusqu’à 52 000 microparticules de plastique par an, en fonction de son mode de vie. Morceaux de vêtements synthétiques, de pneus, de lentilles de contact… Ces plastiques s’infiltrent dans notre nourriture, mais également dans l’air ambiant. Si l’on prend en compte la respiration, c’est jusqu’à 121 000 particules de plastique qui s’introduisent dans notre corps chaque année.

En analysant 26 études sur le mode de consommation des Américains, les scientifiques ont également conclu que boire uniquement de l’eau en bouteille apporte 90 000 microparticules de plastique en plus chaque année – soit plus du double que ceux qui boivent au robinet. Et, précisent-ils, les chiffres de l’étude sont probablement une « sous-estimation ».

L’étude, parue dans la revue Environmental Science and Technology, ne s’aventure pas sur le terrain des conséquences en termes de santé. Tout juste les auteurs précisent-ils que les particules les plus fines (moins de 130 microns de diamètre) « peuvent potentiellement passer dans les tissus humains et générer une réponse immunitaire localisée ».

Pour Alastair Grant, professeur d’écologie à l’université d’East Anglia, qui n’a pas participé aux recherches, rien ne prouve que les particules de plastique relevées dans l’étude posent « un danger significatif à la santé humaine ». Selon lui, il est probable que seule une petite part des éléments inhalés atteigne les poumons.

Une production de plastique en hausse de 3,2 % dans le monde

Les auteurs de l’étude appellent donc à pousser la recherche dans ce domaine. Et en attendant, « la façon la plus efficace de réduire la consommation humaine de microplastiques sera sans doute de réduire la production et le recours aux plastiques », ajoutent-ils.

Peine perdue ? L’an passé, la planète a produit 359 millions de tonnes de plastiques, en hausse de 3,2 %, selon PlasticsEurope, qui regroupe les industriels européens du secteur. La production est poussée par les Etats-Unis et l’Asie, qui semblent peu touchés par les préoccupations environnementales. L’Europe, si elle voit, elle, sa production baisser, consomme toujours autant de matières plastique. En France, production et consommation sont en reculs, alors que la demande en matières plastique recyclées a crû de 14 % en 2018.

A l’échelle européenne, 40 % du plastique est destiné aux emballages en tout genre. Malgré l’interdiction à venir de produits à usages uniques sur le contient, les boîtes de fraises, cotons-tiges et autres cellophanes constituent la plus grande partie des déchets plastique, qui finissent donc en partie dans notre corps.

Peut-on venir à bout de tout le plastique que nous produisons ?
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