La maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé jeudi 6 juin de nouvelles mesures pour réguler l’usage des trottinettes électriques. / JACQUES DEMARTHON / AFP

Anne Hidalgo veut « en finir avec l’anarchie » des trottinettes électriques. Face au mécontentement grandissant des habitants, la maire de Paris a annoncé, jeudi 6 juin, de nouvelles mesures destinées à mieux réguler l’usage de ces véhicules en milieu urbain. Principale décision : la Ville de Paris va lancer dans quelques mois un appel d’offres pour ramener à deux ou trois seulement le nombre de sociétés autorisées à exploiter ces véhicules dans la capitale. Il y en a douze aujourd’hui : Lime, Bolt, VOI, etc.

Cet appel d’offres fixera le nombre maximum de trottinettes autorisé dans la ville. « Il y en a aujourd’hui plus de 20 000, c’est beaucoup trop », estime la maire. Quant aux 40 000 avancés pour 2020, « ce n’est pas envisageable ».

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L’appel d’offres, qui interviendra une fois la loi sur les mobilités votée – définitivement –, comportera des clauses sociales et environnementales, a précisé Anne Hidalgo. « Cette activité doit être en phase avec les valeurs de notre ville », a-t-elle plaidé, citant la lutte contre le travail précaire et contre l’« ubérisation de notre société ».

Interdiction de stationner sur les trottoirs

Un agent de surveillance de Paris déplace des trottinettes mal garées, le 6 juin à Paris. / OLIVIER MORIN / AFP

D’autres mesures sont annoncées à plus court terme. D’abord, Anne Hidalgo compte prendre un arrêté commun avec le préfet de police pour interdire le stationnement des trottinettes sur les trottoirs. Ces véhicules, qui étaient jusqu’à présent tolérés aux endroits où ils ne gênaient pas sur les trottoirs, devront désormais utiliser les places de stationnement sur la chaussée, qu’ils partageront avec les voitures.

Ensuite, la Mairie de Paris va demander aux opérateurs de brider la vitesse de leurs appareils. De 25 km/h aujourd’hui, la vitesse maximale devra tomber à 20 km/h, et même 8 km/h seulement dans les aires piétonnes et les zones de rencontre. L’équipe d’Anne Hidalgo va également inciter les sociétés à réduire leur flotte.

Enfin, un arrêté municipal va interdire clairement la circulation des trottinettes dans les parcs et jardins. Depuis des semaines, l’essor incontrôlé des trottinettes à Paris suscite de plus en plus de critiques. Les piétons pestent contre les engins abandonnés au milieu des trottoirs.

« Il faut interdire les trottinettes en free-floating »

Rares sont les utilisateurs qui ne roulent que sur les pistes cyclables, comme le prévoient les règles. Certains vont trop vite, parfois à 25 km/h, d’autres se mettent à deux sur le même véhicule. Les accidents se multiplient, même si aucun chiffre officiel n’est disponible.

Et des victimes veulent se retourner contre la ville, accusée d’être responsable du désordre. « Les trottinettes, c’est d’abord un progrès, un mode de locomotion propre et sans bruit, souligne Thomas Lauret, un élu centriste du 16e arrondissement. Il ne faut donc pas l’interdire, mais beaucoup mieux le réguler. »

D’autres se montrent beaucoup plus sévères, et accusent les entreprises concernées d’être fondées sur un modèle économique qui pose doublement problème. D’une part, leur principe de base consiste à laisser les trottinettes un peu partout dans la ville, dans l’espace public, et non dans un nombre limité de stations.

D’autre part, pourraient-elles être rentables en payant correctement le personnel chargé de poser et de reprendre quotidiennement les véhicules ? « Réduire la vitesse ne suffit pas, il faut interdire les trottinettes en free-floating », plaide Danielle Simonnet, pour La France insoumise. Les débats sur le sujet au prochain Conseil de Paris, à partir de mardi 11 juin, s’annoncent tendus.

Yacine, 39 ans, chasseur de trottinettes à temps plein