OCS MAX - JEUDI 6 JUIN - 20H40. Série

La bande-annonce de la saison 3 de The Handmaid’s Tale promet « la naissance d’une révolution » à Gilead, ce pays totalitaire que sont devenus les Etats-Unis. Mais au vu des seuls trois premiers épisodes mis à notre disposition, cette nouvelle saison s’apparente bien plutôt à un éternel recommencement…

Rappelons qu’il s’agissait, au tout départ, d’adapter le roman dystopique de Margaret Atwood sorti en 1985, The Handmaid’s Tale (La Servante écarlate). Ce qui donna lieu à une superbe et puissante première saison, tant par la force graphique de sa mise en images que par son propos. Prenant appui sur la longue histoire de l’oppression des femmes de par le monde, ce récit mettait notamment en scène des femmes qui, encore fertiles, étaient soumises à un esclavage sexuel, l’état écologique de la planète ayant rendu stérile une grande part de la population. Pas de résonance immédiate avec l’actualité, à l’époque, puisque, lorsque le tournage commence, à l’automne 2016, Trump n’est pas encore élu et le mouvement #MeToo dans les limbes.

Mais lancée en avril 2017, la série devient très vite « trop réelle », comme le note Margaret Atwood dans la revue America : rattrapée par le présent, elle s’entrechoque avec les enjeux de l’époque en un sombre effet miroir. L’habit des servantes écarlates devient un symbole pour nombre de femmes en lutte contre le sexisme – ou l’interdiction de l’avortement, tout dernièrement. The Handmaid’s Tale, multiprimée, est alors reconduite pour une nouvelle saison, sans plus de lien avec le livre de Margaret Atwood.

Une désespérante roue sans fin

Mais comment une dystopie, dorénavant « sommée » de faire écho à l’époque actuelle, peut-elle se poursuivre si son héroïne parvient à rejoindre le monde libre ? Impossible ! La saison 2, de même que le début de cette saison 3, va donc se figer dans une suite étouffante de carnages, assauts, punitions corporelles, trahisons, sans pour autant approfondir le propos de la saison 1… A la manière d’une désespérante roue sans fin. Avec la captivité, son lot de misères, et les innombrables gros plans sur le visage d’Elisabeth Moss pour seules sources d’inspiration – les scènes au pays de la liberté, le Canada, ne brillant pas par leur intérêt. Mais peut-être la suite de cette saison 3, qui semble amorcer une évolution en fin d’épisode 3, nous démentira-t-elle !

Une suite étouffante de carnages, assauts, punitions corporelles, trahisons, sans pour autant approfondir le propos de la saison 1

On espère par exemple que participera à la « révolution », clamée dans la bande-annonce, le personnage à nos yeux le plus riche parce qu’ambivalent, déconcertant (et parfois incompréhensible), à savoir Serena Joy (interprétée par l’excellente Yvonne Strahovski, elle aussi trop souvent filmée en très gros plan…), laquelle fut partie prenante de la création de l’Etat totalitaire de Gilead, en tant qu’intellectuelle, et qui, avec le temps, en subit de plus en plus les affres.

Margaret Atwood a annoncé qu’elle publierait, probablement en septembre, une suite de son roman The Handmaid’s Tale, sans lien avec la série. Est-ce pour reprendre la main sur l’univers qu’elle créa dans son roman ? Avec The Testaments, qui débutera quinze ans après la fin The Handmaid’s Tale, la romancière canadienne a seulement indiqué que ce récit, narré par trois femmes, ferait écho aux temps actuels.

The Handmaid's Tale: Season 3 Trailer (Official) • A Hulu Original
Durée : 02:11

The Handmaid’s Tale, saison 3, série créée par Bruce Miller. Avec Elisabeth Moss, Alexis Bledel, Yvonne Strahovski, Bradley Whitford, Joseph Fiennes (EU, 2019, 13 × 50 min). Diffusion des trois premiers épisodes ce soir, puis un chaque jeudi. Les saisons précédentes sont disponibles à la demande sur OCS.