• Camille Saint-Saën
    Piano Concertos
    Alexandre Kantorow (piano), Tapiola Sinfonietta, Jean-Jacques Kantorow (direction)

Pochette de l’album « Piano Concertos », de Saint-Saëns, par Alexandre Kantorow (piano), Tapiola Sinfonietta, Jean-Jacques Kantorow (direction) / BIS/NAXOS

Les concertos pour piano de Saint-Saëns évoquent ces épopées hollywoodiennes qui s’articulent autour d’un seul personnage appelé à se transcender dans un contexte différent d’un épisode à l’autre. Ici, le héros, du genre Rocky, est évidemment le soliste qui enchaîne les balayages du clavier comme des tours de piste ou martèle les notes comme un punching-ball. Du grand spectacle, torrentiel pour le 3e Concerto, tentaculaire pour le 4e, aérien et onirique pour le 5e, surnommé « L’Egyptien ». Alexandre Kantorow relève le défi – imposé par le créateur du rôle (Saint-Saëns lui-même) –, qui consiste à donner un supplément d’âme aux performances de gladiateur. Le jeune pianiste (21 ans au moment de l’enregistrement) séduit à chaque instant par sa richesse expressive plus encore que par son aisance technique. Quant à Jean-Jacques Kantorow (son père), il le met idéalement en scène en dirigeant l’excellente Tapiola Sinfonietta avec autant de précision que d’élégance. Pierre Gervasoni

1 CD BIS/Naxos.

  • Laudario
    Musique au temps de saint François d’Assise
    Canticum Novum, Emmanuel Bardon (direction)

Pochette de l’album « Musique au temps de saint François d’Assise » par Canticum Novum, Emmanuel Bardon (direction). / AMBRONAY EDITIONS

Découvert en 1876 dans la bibliothèque communale de Cortone, en Ombrie, un manuscrit datant de la seconde moitié du XIIIe siècle livrait 46 chants spirituels qui exprimaient en langue vulgaire la ferveur populaire alimentée par le message franciscain. Ces laudes d’une exaltation simple et généreuse ont tant marqué qu’en 2010, au festival italien La Sagra Musicale Umbra, le trompettiste sarde Paolo Fresu et le bandonéoniste Daniele Di Bonaventura parèrent ce corpus majeur d’une somptueuse robe de jazz. Si un bel enregistrement de cette relecture, avec l’Orchestra da camera di Perugia et l’ensemble vocal Armoniosoincanto, paraît ces jours-ci, c’est une large sélection de la version originale que livre Canticum Novum dans une optique qui en restitue la fraîcheur et l’énergie, l’élan et la foi lumineuse. On y retrouve ce sens du partage et de l’oralité qui faisait le prix des précédents programmes de l’ensemble d’Emmanuel Bardon, en terres ottomanes (Aashenayi, 2015) ou arméniennes (Ararat, 2017). Philippe-Jean Catinchi

1 CD Ambronay Editions.

  • Malted Milk
    Love, Tears & Guns

Pochette de l’album « Love, Tears & Guns », de Malted Milk. / MOJO HAND RECORDS/L’AUTRE DISTRIBUTION

Groupe nantais, qui a commencé à faire parler de lui au milieu des années 2000, Malted Milk est devenu en quelques années l’un des plus exacts dans l’interprétation de la soul music. Celle de la tradition, de son âge d’or des années 1960 au début des années 1970, avec ancrage dans le gospel, le blues et les premières incursions funk. Ce nouvel album, le septième de la formation, trouve à nouveau son assise dans cette approche. Le plus souvent avec des orchestrations qui mêlent vents et chœurs, à l’occasion dans une forme plus minimale comme dans Pay Day, et des virées des guitares (Arnaud Fradin, par ailleurs voix lead, et Maxime Genouel) vers les apports psyché rappelant The Temptations ou Isaac Hayes, comme dans des passages de Some Tears You Need To Shed, It Ain’t Time For A Change, Money ou Branded By Your Love. A l’exception d’un thème traité en reggae un peu hors sujet, tout est ici enthousiasmant. Sylvain Siclier

1 CD Mojo Hand Records/L’Autre Distribution.

  • Sebadoh
    Act Surprised

Pochette de l’album « Act Surprised », de Sebadoh. / FIRE RECORDS/DIFFER-ANT

Depuis la reformation de Dinosaur Jr en 2007, on avait presque oublié que le trio rock bruitiste détient en son sein, outre son leader J. Mascis, un autre auteur, compositeur et interprète de premier plan, le flegmatique bassiste Lou Barlow. Ce dernier peut se targuer d’une carrière parallèle riche et émancipée, notamment en solo, avec The Folk Implosion, et surtout Sebadoh. Le trio originaire du Massachussetts qu’il forme avec le guitariste Jason Loewenstein et le batteur Bob D’Amico, a marqué la scène rock alternative américaine des années 1990, en cultivant une nonchalance singulière, matinée de guitares dissonantes et d’accalmies à l’épure mélodieuse. Six ans après l’honorable Defend Yourself (Domino), ce neuvième album studio produit par Justin Pizzoferrato (Parquet Courts, Pixies) lui est supérieur. Sans révolution formelle, Act Surprised démontre une capacité à écrire à foison des hymnes rock rugueux (Medicate, Vacation, Celebrate The Void…). Franck Colombani

1 CD Fire Records/Differ-ant.

  • Maxime le Forestier
    Paraître ou ne pas être

Pochette de l’album « Paraître ou ne pas être », de Maxime Le Forestier. / POLYDOR/UNIVERSAL MUSIC

Le Cadeau, précédent album de Maxime Le Forestier, publié en 2013, mêlait un support orchestral un rien folk-rock électrifié, parfois avec claviers, et un traitement à dominante acoustique. Paraître ou ne pas être prolonge ce choix du dépouillement, en fidélité musicienne avec le guitariste Manu Galvin, la rythmique contrebasse (Etienne Roumanet) et percussions (Sebastian Quezada), et complicité familiale avec Arthur Le Forestier, fils de Maxime, à la guitare. Quant aux textes, on y trouve quelques regards sur l’époque (Ça déborde pour l’écologie, Paraître et la dictature de l’image, La Vieille Dame, évocation de la France qui se replie sur ses peurs), des souvenirs à la première personne (Avec une guitare, Dernier Soleil, collaboration rituelle avec Julien Clerc), des portraits collectifs (Les Filles amoureuses, Le Grand Connard). Le tout dans un bel appareillage instrumental, une légèreté d’interprétation, un soupçon d’ironie au bon endroit. S. Si.

1 CD Polydor/Universal Music.