Roi, seul en son royaume. / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

L’important, ce n’est pas la destination, c’est le voyage. Abordée de la sorte, l’édition 2019 du tournoi de Roland-Garros ne déçoit personne. Car s’il a débouché sur l’issue attendue, le voyage a connu bien des méandres.

« Et à la fin, c’est Rafael Nadal qui gagne. » Si l’on est parfois tenté de faire du « il n’y a plus de Français à Roland-Garros » la rengaine de ces Internationaux de France, toujours plus internationaux et toujours moins de France, la seule « chanson de Roland » qui compte est celle-là. Une fois encore, le « roi de la terre battue » aura ejecté ses adversaires de sa surface favorite. Mais ce dimanche 9 juin, mis sur le reculoir par un adversaire offensif, il a cédé un set, le second de la partie. « Il a joué un bon jeu, j’ai joué un mauvais jeu, et j’ai perdu le set. Mais j’ai pu aller aux toilettes et réfléchir un peu. Et je suis revenu… » Après la pause pipi, le Majorquin a accéléré, bouclant la partie en deux manches sèches (6-3, 5-7, 6-1, 6-1).

Roland, c’est fini. Et comme à chaque fois – ou presque – le résultat final du tournoi correspond à ce à quoi l’on s’attendait. Chez les hommes, tout du moins, car le tableau féminin s’est effondré avec la régularité d’un jeu de dominos auquel on ôte une pièce. De cet éparpillement a jailli l’Australienne « Ash » Barty, vainqueure du simple dames, et une multitude de futures pépites. De quoi attendre la prochaine édition avec impatience.

  • La phrase du jour

« J’essaierai encore ».

Battu mais pas (trop) abattu, l’Autrichien Dominic Thiem a involontairement rendu hommage à son illustre compatriote Arnold Schwarzenegger et au personnage qui l’a rendu célèbre. Si Terminator a son « I’ll be back », « Dominator » a aussi fait preuve de persistance en annonçant, sur le podium, son intention de revenir en finale. « Même si ça peut paraître bizarre, c’est comme ça ! » Sa première finale avait été un cavalier seul de Nadal. La seconde, dimanche, a vu Thiem s’approcher du destrier majorquin, puis se faire « piétiner ». Avant de le désarçonner l’an prochain ?

C’était encore un peu court pour Dominic Thiem cette année. / PHILIPPE LOPEZ / AFP

« J’étais plus proche cette année que l’an passé, surtout dans les deux premiers sets », a insisté le numéro 4 mondial, qui avait joué quatre jours de suite en raison des interruptions météo. Plus proche, au point qu’en début de rencontre, on a cru assister à un « Nadal contre Nadal » tant leurs jeux se ressemblaient, mais tellement loin, encore. En 2016, Rafael Nadal avait prédit « le voir comme un candidat à la victoire finale à Roland-Garros dans les quatre ou cinq prochaines années ». Rendez-vous en 2020.

  • Le chiffre du jour

27. C’est le nombre de sets lâchés par Rafael Nadal depuis qu’il a posé le pied sur la terre battue de Roland-Garros (dont deux cette année, et un en finale). En 95 rencontres se jouant au meilleur des cinq sets. Plus encore que son record de titres jamais remporté par un joueur ou une joueuse dans le même Grand Chelem (qu’il détient désormais seul), ce nombre illustre la domination sans partage de l’Espagnol sur le tournoi parisien.

  • L’image du jour

« Time ! », a crié Kristina Mladenovic. Elle aurait aussi pu hurler « Thiem ! » Quelques heures après avoir soulevé son second trophée en double – avec la Hongroise Timea Babos –, la nouvelle numéro 1 du double est venue encourager son compagnon. Et s’est insurgée, lors du premier set, contre l’éternité que mettait Nadal à servir. A raison. L’image a fait le tour de la Toile, et été détournée avec brio.

Roland-Garros, c’est fini. Et de cette édition 2019, quelques souvenirs émergent, en vrac.

COMMENT QUALIFIER NADAL ? « Duodecima » ?, « douze fois vainqueur ? », « est-ce que le mot existe vraiment ? » Une année de plus est passée et Rafael Nadal continue de poser des problèmes sémantiques aux journalistes chargés de commenter ses exploits. Comme l’an dernier, nous sommes partis en quête du qualificatif à employer pour parler du Majorquin. Après consultation de la correction de notre journal, Rafael Nadal est le duodécuple champion de Roland-Garros. Et pour « treize fois vainqueur » ?

LA DER DU N° 1, LA PREMS DU SIMONNE-MATHIEU. Rien ne se perd, rien ne se crée. Il aura fallu la – difficile – naissance du court des serres d’Auteuil, le Simonne-Mathieu, pour voir la fin d’un des courts favoris des joueurs et des fans. A compter de dimanche, le court n° 1 n’est plus. L’arène va s’écrouler sous les coups des bulldozers, pour laisser la place à une place ouvrant l’espace au public. On regrettera qu’elle n’ait pas accueilli une finale de double, où les Français brillaient, digne adieu à un mythe.

Heureusement, la nouvelle enceinte a trouvé sans tarder sa place dans l’écosystème du tournoi. Baptisé par un combat de titan mené par Nicolas Mahut au premier tour pour renverser la tête de série n° 16, le court Simonne-Mathieu a même accueilli – météo oblige – une demi-finale du tournoi féminin.

LE SERPENT DE MER DES LOGES VIDES. Pour la finale dames, les organisateurs ont tenté de camoufler la chose en invitant les ramasseurs de balles et autres petites mains du tournoi à se faufiler dans les loges pendant les rencontres pour faire le nombre. Il n’empêche, le nouveau court Central n’a pas changé les usages à Roland-Garros. Durant de très nombreuses rencontres – et des plus importantes –, les places les plus proches du court ont affiché vide. Un problème récurrent, et propre au tournoi parisien, concernant les loges réservées aux partenaires, dont les invités privilégient parfois de « boire du champagne plutôt que de voir du tennis », comme l’a exposé Lucas Pouille. « Sur le Chatrier et le Lenglen, nous avons effectivement un problème avec les loges qui sont trop souvent vides. Ce n’est pas nouveau », a admis le directeur du tournoi Guy Forget. Qui, insistant sur la manne que lesdits partenaires apportaient, a envisagé d’instaurer un système de surréservation pour pallier le problème.