Le New York Times a annoncé lundi 10 juin qu’il ne publierait plus de dessins politiques dans son édition internationale, un peu plus d’un mois après une polémique liée à une caricature jugée antisémite.

Le quotidien a expliqué qu’il réfléchissait depuis un an à « aligner » l’édition internationale sur celle publiée aux Etats-Unis, qui ne comprend plus de dessins politiques depuis de nombreuses années. Il compte mettre ce projet à exécution à compter du 1er juillet.

La publication à la fin d’avril dans l’édition internationale d’un dessin représentant le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et le président américain, Donald Trump, avait déclenché un tollé au sein de la communauté juive mais aussi au-delà. Le chef du gouvernement israélien était dessiné sous la forme d’un chien guide, portant un collier avec une étoile de David, et tenu en laisse par le président américain, aveugle, avec une kippa sur la tête. Le quotidien avait d’abord présenté des excuses puis était finalement allé plus loin, la polémique ne faiblissant pas.

Le directeur de la publication, A. G. Sulzberger, avait décidé de lancer une procédure disciplinaire contre le responsable d’édition qui avait choisi la caricature du dessinateur Antonio Moreira Antunes. Il avait également décidé de ne plus utiliser de caricatures proposées par une société extérieure, d’où provenait la caricature controversée.

« Peut-être devrions-nous commencer à nous inquiéter ? »

Pour Patrick Chappatte, l’un des dessinateurs vedette du New York Times, la décision annoncée lundi est directement liée à cette affaire, a-t-il expliqué sur son site. Celui qui collaborait avec le quotidien depuis plus de vingt ans regrette que « toutes ces années de travail restent inachevées à cause d’un seul dessin qui n’était pas de moi qui n’aurait jamais dû être publié dans le meilleur journal du monde ». « Ces dernières années, certains des meilleurs dessinateurs de presse aux Etats-Unis (…) ont perdu leur travail parce que leurs éditeurs les trouvaient trop critiques envers [Donald] Trump, a-t-il poursuivi. Peut-être devrions-nous commencer à nous inquiéter ? Et nous rebeller. Les dessinateurs de presse sont nés avec la démocratie et lorsque les libertés sont menacées, ils le sont aussi. »

Le responsable de la rubrique éditoriale du New York Times, James Bennet, a écrit sur Twitter que le quotidien souhaitait continuer à travailler à l’avenir avec Patrick Chappatte et avec Heng Kim Song, son autre dessinateur vedette, sur d’autres formats.