Où sont passés les gains de pouvoir d’achat ? La question n’en finit pas de tarauder les prévisionnistes, contraints, trimestre après trimestre, de remettre l’ouvrage sur le métier.

Les statistiques sont pourtant formelles : le pouvoir d’achat connaîtra cette année sa plus forte croissance depuis 2007, avec une progression moyenne de 2,1 % par habitant. Le sursaut, assure-t-on, est lié aux mesures d’urgences annoncées par l’exécutif pour répondre au mouvement des « gilets jaunes », mais aussi et surtout à la bonne tenue du marché de l’emploi et des prix. Dans un tel contexte, les dépenses des ménages devraient rebondir, tirant avec elles la croissance.

C’est là que le bât blesse : pour le moment, la consommation frémit mais ne s’emballe pas. Une atonie, un peu déconcertante, qui pourrait s’expliquer, à en croire les projections macroéconomiques de la Banque de France publiées mardi 11 juin, par un décalage dans le temps des dépenses.

En effet, les gains de pouvoir d’achat de la fin 2018 et du début de l’année ont jusque-là été largement épargnés. Selon la Banque de Banque de France, cela a entraîné un gonflement du taux d’épargne qui pourrait atteindre courant 2019 « un point haut à 15,3 % ».

Une « preuve de résilience »

L’horizon est plus trouble pour la consommation. « Les données de court terme suggèrent qu’elle progresserait de façon encore contenue dans les mois à venir.» Elle devrait tout de même soutenir l’activité. Un peu plus, en tout cas, qu’en 2018, année pendant laquelle les dépenses s’étaient nettement contractées.

Ce scénario, s’il venait à se confirmer, laisse penser que les mesures de soutien au pouvoir d’achat auraient des effets jusqu’en 2020. La Banque de France mise d’ailleurs sur une légère hausse de la progression du produit intérieur brut (PIB) l’an prochain, à 1,4 %. Une estimation qui ne tient pas compte de la réduction de 5 milliards d’euros d’impôts sur le revenu promise par Emmanuel Macron le 25 avril.

Il semblerait, en résumé, que l’économie tricolore ait renoué avec son rythme de croisière. Le PIB devrait progresser de 0,3 % au deuxième trimestre de 2019, comme il l’avait fait au premier. La croissance, sur l’année, atteindrait 1,3 %. Une « preuve de résilience face à un environnement international défavorable », souligne la Banque de France.

A titre de comparaison, la Bundesbank estimerait l’évolution du PIB outre-Rhin à 0,6 % en 2019 et à 1,2 % en 2020. En Italie, elle serait, respectivement, de 0,3 % et 0,7 %. Mais ces prévisions, comme celles concernant la France, restent sujettes à « des aléas importants ». Les tensions commerciales sino-américaines et l’issue incertaine du Brexit, notamment, pourraient rebattre les cartes.