Un manifestant anti-Brexit à Londres, le 12 juin. / Kirsty Wigglesworth / AP

La Chambre des communes a rejeté mercredi 12 juin par 309 voix contre 298 une initiative de l’opposition travailliste visant à empêcher la perspective d’un Brexit sans accord. La motion prévoyait d’autoriser l’inscription d’un projet de loi en ce sens à l’ordre du jour de la séance parlementaire du 25 juin prochain.

« Ce n’est que le début, et non la fin de nos efforts pour empêcher un “no deal”, a commenté Keir Starmer, chargé des questions liées au Brexit au sein du gouvernement fantôme du Labour. Le Labour est prêt à se servir de tous les mécanismes possibles pour protéger les emplois, l’économie et nos communautés des conséquences désastreuses d’un Brexit sans accord. »

L’initiative du Parti travailliste était menée alors que le Parti conservateur vient de lancer la procédure de désignation de celui ou celle qui succédera à Theresa May à la tête du parti et du gouvernement. Le porte-parole de la première ministre démissionnaire, qui expédie les affaires courantes, avait indiqué avant le vote que les élus conservateurs à la Chambre des communes avaient reçu pour consigne de voter contre la proposition du Labour. « Ce dont nous parlons à propos d’aujourd’hui, c’est d’une initiative menée principalement par le Labour et le Parti national écossais (SNP) pour retirer au gouvernement le contrôle de l’ordre du jour [du Parlement] et signer un chèque un blanc, a-t-il dit. Ce n’est pas une chose que nous approuvons d’un point de vue constitutionnel. »

Johnson pour un retrait le 31 octobre

De son côté, Boris Johnson, favori à la succession de Theresa May, a lancé sa campagne officielle, en affirmant ne pas « viser un Brexit sans accord », même s’il est prêt à opter « en dernier recours » pour cette sortie brutale de l’Union européenne. « Je ne pense pas que ça se terminera [par une sortie sans accord], mais il est responsable de préparer avec détermination » un tel scénario, a affirmé à Londres l’ancien ministre des affaires étrangères.

S’il est choisi comme chef des tories et qu’il devient donc premier ministre, Boris Johnson compte renégocier l’accord conclu en novembre entre Bruxelles et Theresa May. Celle-ci a démissionné vendredi de ses fonctions de chef du Parti conservateur, après avoir échoué à mettre en œuvre le Brexit. Elle a demandé deux fois à Bruxelles de repousser le divorce, désormais fixé au 31 octobre, après avoir vu le Parlement rejeter par trois fois son plan de divorce.

M. Johnson a assuré que le Royaume-Uni quitterait l’UE le 31 octobre, accord renégocié ou pas. Mercredi, il a toutefois assoupli sa position en faisant du « no deal » une solution « de dernier recours ». Il avait aussi prévenu que, s’il était premier ministre, il refuserait que le Royaume-Uni paie la facture du Brexit – estimée entre 40 et 45 milliards par l’actuel gouvernement – jusqu’à ce que l’UE accepte de meilleures conditions de retrait.

La Commission européenne a rappelé mercredi que Londres devra honorer ses engagements financiers dans le cas d’un Brexit sans accord, une des « conditions préalables » à l’ouverture de négociations sur un futur accord commercial.

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