L’avis du « Monde » – On peut éviter

Anna et Adam, jeune couple de Parisiens d’origine juive polonaise, se préparent à voyager pour la première fois de leur vie en Pologne afin d’y commémorer le soixante-quinzième anniversaire de la destruction de la communauté du village de naissance du grand-père d’Adam. Un voyage qui semble avoir été voulu par Anna, hantée par la quête de ses origines et forcément désarçonnée par ce qu’elle va trouver sur place.

Lune de miel s’amuse à mélanger le récit de quête des origines à la comédie pittoresque. Pavé de trop bonnes intentions, le film échoue pourtant sur les deux plans. Sur le travail de mémoire, Lune de miel n’ajoute aucune nuance ni nouveauté au tombereau de fictions sur le sujet mais, surtout, filme ce voyage à travers les yeux d’Anna, personnage qui, par ses accès de colère et d’enthousiasme bien trop nombreux, transforme cette quête nécessaire en névrose qui ne concerne qu’elle.

Condescendance touristique

La pourtant excellente Judith Chemla semble avoir eu pour mission de jouer en perpétuel surrégime, enchaînant les réactions irrationnelles : ce qui manque d’épuiser sa famille autant que les spectateurs. Sur le terrain de la comédie, le film opte pour une forme de condescendance touristique qui fait mine de regarder la Pologne et ses habitants dans les yeux mais n’en fait qu’un décor où s’agitent d’incompréhensibles marionnettes : en témoignent les nombreux gags éculés sur la volonté du couple de s’expliquer en français devant des habitants qui ne comprennent pas un mot de ce qu’ils disent.

Tout le problème de Lune de miel se ramène à la question du regard que la cinéaste pose sur toute chose, niant toujours la rencontre et le surgissement de l’altérité. Au prétexte d’adopter un faux rythme de comédie haletante, Lune de miel effleure tout et rate son sujet.

Lune de Miel - Bande-annonce
Durée : 02:03

Film français d’Elise Otzenberger. Avec Judith Chemla, Arthur Igual, Brigitte Roüan (1 h 28). www.le-pacte.com/france/prochainement/detail/lune-de-miel