La Brésilienne Marta lors de l’hymne brésilien avant le match face à l’Australie, le 13 juin à Montpellier. / Claude Paris / AP

La reine a fait son retour. Ou plutôt son fantôme. La Brésilienne Marta, l’une des grandes stars de cette Coupe du monde, absente lors du premier match face à la Jamaïque, a enfin foulé une pelouse française. Pour le plus grand bonheur des 17 000 spectateurs du stade de la Mosson qui ont assisté à la renversante victoire de l’Australie sur le Brésil (3-2) lors du deuxième match du groupe C, jeudi 13 juin au stade de la Mosson à Montpellier. Sortie à la mi-temps après un premier acte laborieux, Marta a toutefois réussi à entrer encore un peu plus dans la légende du football mondial.

Considérée comme la meilleure joueuse de tous les temps, « Rainha Marta » (la reine Marta), avait été laissée sur le banc lors de la première rencontre de la Seleçao dans cette Coupe du monde. Le sélectionneur brésilien Vadao avait fait le choix de la préserver pour qu’elle puisse récupérer d’une blessure à la cuisse gauche. Son retour face à l’Australie constituait donc un événement, salué comme il se doit par les spectateurs qui ont accompagné chacune des prises de balle de la n°10 par de vibrantes acclamations.

Un petit match mais de nouveaux records

Et son penalty transformé à la 27e minute l’a un peu plus fait entrer dans l’histoire. Marta est ainsi devenue la première joueuse à marquer au moins un but lors de cinq phases finales de Coupe du monde différentes (2003, 2007, 2011 et 2015 et 2019). A 33 ans, cette meneuse de poche (1,62 m) a également égalé un autre record : celui du nombre de buts marqués en Coupe du monde, hommes et femmes confondus. Elle a rejoint l’Allemand Miroslav Klose avec 16 réalisations en cinq éditions. Pour le reste elle n’a pas fait de miracles, et a été logiquement sortie à la mi-temps.

Son premier ballon touché à la quatrième minute a déclenché une vague de murmures admiratifs dans le stade. Un dribble chaloupé mais un ballon perdu. A l’image de son match. Rarement trouvée dans la construction du jeu, pas dans le rythme, le souffle court, elle est également parue assez nerveuse sur le terrain en allant plusieurs fois discuter avec l’arbitre de la rencontre.

Elle n’a toutefois pas tremblé au moment d’ouvrir le score en transformant le penalty obtenu suite à une faute de d’Elise Kellond-Knight, en prenant la gardienne australienne à contre-pied (27e). Puis les Brésiliennes ont marqué peut-être le plus beau but depuis le début de la compétition : après un petit-pont de Tamires sur Emily Gielnik, la latérale a idéalement lancé Debinha dans la profondeur, dont le centre a été parfaitement repris d’une tête décroisée par Cristiane (38e).

Seuls éclairs dans une rencontre qui a totalement viré à l’avantage des Australiennes, qui ont eu la bonne idée de réduire le score juste avant la mi-temps par l’intermédiaire de Foord (45e+2). Elles ont ensuite totalement maîtrisé la rencontre, revenant à égalité à la 58e minute par l’intermédiaire de Logarzo, puis bien aidées par la VAR et l’arbitre qui leur ont accordé un but (66e), celui de la victoire, en dépit de la position de hors-jeu de l’attaquante des Matildas Samantha Kerr.

La colère de Marta

Après la rencontre, Marta a déploré les nombreuses « erreurs qui leur ont donné des buts faciles. Et pour couronner le tout, il y a ce penalty évident qu’on ne nous accorde pas dans les dernières minutes. Il y a de quoi être en colère, parce que nous étions qualifiées ». Marta ne s’est pas non plus attardée sur sa performance et ses records, soulignant juste être « sortie à la mi-temps parce que c’était prévu comme ça. Je préférais qu’une fille à 100 % entre pour aider l’équipe ».

Si la défaite face à l’Australie ne condamne pas les Brésiliennes, elle complique toutefois grandement leurs chances. Elles devront impérativement s’imposer face à l’Italie, mardi, pour espérer continuer leur route dans la compétition. Ca tombe bien, Marta rêve toujours de remporter un titre mondial avec la Seleçao pour couronner son incroyable carrière. Elle n’était pas passée loin au Mondial 2007, arrivant en finale, tout comme aux JO de 2004 et 2008, avec deux médailles d’argent au goût amer.

Mais la joueuse aux 145 sélections (pour 106 buts) ne se faisait toutefois guère d’illusions concernant les chances de sa sélection dans cette Coupe du monde avant le début de la compétition. Les Brésiliennes restaient en effet sur une série de neuf défaites en autant de matches amicaux de préparation au Mondial, qu’elles abordaient avec un mélange de jeunes espoirs et de cadres expérimentées.

« C’est difficile de penser au titre. En ce moment, la situation de la Seleçao est loin d’être idéale, c’est même la pire depuis que j’en fais partie », avait-elle déclaré dans un entretien au journal suédois Expressen. A elle de retrouver ses sensations pour rendre l’exploit possible.

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