Un personnel médical de la Croix-Rouge ougandaise répertorie le nombre de personnes subissant un test de dépistage Ebola à la frontière qui sépare l’Ouganda et la République démocratique du Congo, à Mpondwe, le 13 juin 2019. / James Akena / REUTERS

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) décide ce vendredi 14 juin s’il faut déclarer l’urgence mondiale après que l’épidémie d’Ebola a gagné l’Ouganda, près de dix mois après s’être déclarée en République démocratique du Congo (RDC) voisine. L’agence spécialisée des Nations unies a décrété une telle urgence quatre fois seulement : en 2009 pour la grippe H1N1, en 2014 pour la poliomyélite, en 2014 pour l’épidémie d’Ebola qui a fait plus de 11 300 morts dans trois pays d’Afrique de l’Ouest (Liberia, Guinée, Sierra Leone) et en 2016 pour le virus Zika.

La réunion vendredi du comité d’urgence sur l’actuelle épidémie d’Ebola, qui a fait plus de 1 400 morts en RDC, sera suivie en fin de journée d’une conférence de presse au cours de laquelle l’OMS doit annoncer s’il s’agit d’une « urgence de santé publique de portée internationale ».

Une telle urgence s’entend – selon le règlement sanitaire de l’OMS – d’un « événement extraordinaire dont il est déterminé qu’il constitue un risque pour la santé publique dans d’autres Etats en raison du risque de propagation internationale […] et qu’il peut requérir une action internationale coordonnée ». A deux reprises, en octobre 2018 puis en avril, l’OMS avait renoncé à déclarer cet état d’urgence sanitaire pour Ebola en RDC, notamment en raison du fait que l’épidémie demeurait cantonnée à un seul pays. Cela n’a pas empêché les Etats de la région de se préparer.

L’Ouganda s’est placé en état d’alerte dès le début de l’épidémie en août 2018 dans l’est de la RDC, dans les provinces du Nord-Kivu et d’Ituri, où plus de 2 000 cas d’Ebola ont été enregistrés. 1 405 de ces malades sont morts. Le principal défi des autorités ougandaises face à l’épidémie est la porosité des 875 kilomètres de frontière commune avec la RDC, malgré les contrôles sanitaires mis en place aux postes-frontières.

Un vaccin expérimental

En Ouganda, le virus Ebola a fait cette semaine ses deux premières victimes – un garçon de 5 ans et sa grand-mère – qui avaient assisté avec d’autres membres de la famille aux obsèques en RDC d’un proche décédé d’Ebola. Les deux sont morts dans le district de Kasese, frontalier de la RDC.

Une partie de cette famille était rentrée en Ouganda, où le ministère de la santé l’avait placée en quarantaine après avoir diagnostiqué une contamination de l’enfant de 5 ans, puis de son frère de 3 ans et de leur grand-mère de 50 ans. Les autres membres de cette famille ougando-congolaise ainsi que leur servante – cinq personnes au total incluant le garçon contaminé de 3 ans – ont été « rapatriés » jeudi en RDC pour recevoir une assistance médicale.

Le virus se transmet à l’être humain par contact, soit avec des animaux infectés (en général en les dépeçant, en les cuisant ou en les mangeant), soit avec des liquides biologiques de personnes infectées. L’Ouganda a déjà connu des épidémies d’Ebola. La plus récente remonte à 2012. En 2000, 200 personnes sont mortes au cours d’une épidémie dans le nord du pays. En RDC, l’épidémie actuelle est la dixième depuis 1976 et la deuxième la plus grave dans l’histoire de la maladie, après celle qui a frappé l’Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016.

Contrairement à cette dernière, les autorités disposent aujourd’hui d’une arme majeure pour contrer Ebola : un vaccin expérimental jugé efficace par l’OMS. Mais la RDC a jusqu’à présent échoué à enrayer l’épidémie, notamment en raison des attaques des milices et de l’hostilité de la population vis-à-vis des centres de soin. La situation est beaucoup plus stable en Ouganda, pays tenu d’une main de fer par le président Yoweri Museveni depuis 1986.

Face aux difficultés à endiguer l’épidémie en RDC, deux ONG, Oxfam et la Croix-Rouge/Croissant-Rouge, ont récemment demandé de « réinitialiser » la réponse. Une nouvelle étude de l’université de Cambridge publiée jeudi a, quant à elle, indiqué qu’en général la moitié des épidémies d’Ebola n’ont pas été détectées depuis la découverte du virus en 1976.