Une agence immobilière, à Paris, en 2008. / PATRICK KOVARIK / AFP

La guerre est déclarée entre les agents immobiliers et le site d’annonces De particulier à particulier (PAP). La Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) a, jeudi 13 juin, annoncé avoir assigné le site pap.fr devant le tribunal de commerce de Paris pour « dénigrement de la profession » d’agent immobilier et « exercice illicite de l’activité sans détention de la carte ».

Depuis sa création, en 1975, par Catherine et Patrick Jolly, PAP, d’abord magazine devenu site Internet en 1998, s’est toujours défini comme un moyen de mettre en relation directe vendeur et acheteur – ou bailleur et locataire – d’un bien immobilier, en se passant d’intermédiaire professionnel. Il est devenu le site leader du secteur, refusant toujours, contrairement à d’autres plates-formes comme Le bon coin ou Seloger, de publier aussi des annonces émanant de professionnels. Le site Bien’Ici (bienici.com) de la Fnaim, créé fin 2015, ne publie quant à lui que des annonces de professionnels.

Ce qui a déclenché les hostilités, c’est l’initiative de PAP de lancer, le 10 janvier, une offre appelée Mieux qu’une agence proposant aux annonceurs un coaching immobilier qui comprend une estimation du prix de vente, des photos professionnelles, une visite virtuelle du logement, le filtrage des contacts – un point essentiel pour ne plus être importuné par des agences cherchant à capter des mandats – et une assistance juridique, pour un tarif forfaitaire de 690 euros, dérisoire en regard des « commissions d’agences jugées exorbitantes » justifie PAP qui les estime, en moyenne, 17 fois supérieures.

A l’appui de son argumentaire plutôt offensif, PAP explique que les Français ont, en 2018, dépensé 6,2 milliards d’euros en frais d’agence immobilière, avec une commission moyenne de 5,4 % du prix de vente, et qu’avec sa formule, il « remet dans la poche des particuliers 5,8 milliards d’euros ».

« Dénigrement de la profession »

Cette initiative commerciale, appuyée d’une campagne d’affiches avec le slogan « Et si le meilleur agent immobilier c’était vous ? », inquiète évidemment la profession qui n’a, d’abord, pas laissé passer les propos de la présidente de PAP, Corinne Jolly, fille des fondateurs, interviewée sur France Info, le 16 janvier. A la question, « Vous voulez la mort des agences ? » elle répondait « Oui », avant d’éclater de rire et de préciser « A ce prix-là, oui (…) Guerre commerciale… Il y a de très bons agents. »

La Fnaim l’attaque donc pour « dénigrement de la profession ». Elle lui reproche, ensuite, l’exercice illicite du métier d’agent immobilier, sans détention d’une carte professionnelle attestant d’un diplôme, d’une assurance et d’une garantie financière, comme si ne fleurissait pas, dans ses rangs, la profession de mandataire, ces milliers de transactionnaires exerçant en délégation d’une seule carte par réseau (IAD, Cafpi, OptimHome…), qui dévoie ce principe.

Les agents immobiliers ne peuvent, en outre, percevoir la moindre commission avant la conclusion de la transaction et reprochent à PAP de facturer ses services en amont. Dans un communiqué du 13 juin, PAP rétorque que, en l’absence de tout mandat de vente, il ne joue nullement le rôle d’intermédiaire et propose seulement des services. Prochain épisode, le 20 juin, devant le Tribunal de commerce de Paris.

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