Le président Donald Trump remercie publiquement sa porte-parole Sarah Sanders, qui quitte ses fonctions à la fin du mois, à la Maison Blanche, jeudi 13 juin 2019 à Washington (Etats-Unis). / JACQSUELYN MARTIN / AP

La dernière fois que la porte-parole de Donald Trump s’était exprimée au pupitre de la salle de presse de la Maison Blanche, le 24 avril, elle s’était montrée aussi joviale que chaleureuse. Il est vrai que Sarah Sanders ne s’adressait pas ce jour-là aux journalistes accrédités, mais à leurs enfants et à ceux des collaborateurs du président des Etats-Unis incités, une fois par an, à venir sur le lieu de travail de leurs parents.

Un peu plus d’un mois plus tôt, le 11 mars, celle qui quittera ses fonctions à la fin du mois de juin avait sèchement esquivé les questions pendant à peine plus d’un quart d’heure. L’exercice précédent remontait au mois de janvier. A titre de comparaison, les points de presse quasi quotidiens du dernier porte-parole du démocrate Barack Obama, Josh Earnest, modèle de courtoisie, pouvaient s’étirer pendant plus d’une heure et demie.

En l’espace de deux ans, la fille de l’ancien candidat à l’investiture républicaine pour les présidentielles de 2008 et de 2016, Mike Huckabee, a porté ainsi un coup décisif à l’exercice démocratique du briefing. Il répondait, avant l’élection de Donald Trump, à un certain nombre de règles tacites dont le droit de suite, ce qui obligeait le porte-parole à préparer minutieusement ses réponses.

La « guerrière »

Entrée au service de Donald Trump en 2016 après l’échec de son père dont elle était l’une des conseillères, Sarah Sanders a pris, à l’été 2017, la relève du premier porte-parole du président, Sean Spicer. Il avait été remercié au bout de cinq mois seulement d’exercice, essoré par les bourrasques politiques qui avaient accompagné le début de ce mandat.

La « guerrière » vantée jeudi par Donald Trump a vite fait la preuve de sa pugnacité face à la presse, sans parvenir parfois à masquer le mépris que lui inspiraient les journalistes les plus accrocheurs, comme Jim Acosta, de la chaîne CNN. Mais la trentenaire a dû subir la concurrence du président des Etats-Unis, qui multiplie souvent les prises de parole de manière désordonnée et imprévisible.

Elle a également été prise en flagrant délit de mensonges, une ligne rouge pour une porte-parole. Le bagage glané auprès de son père au fil de ses campagnes lui a cependant permis de se transformer en véritable conseillère politique, omniprésente aux côtés du président. Ce dernier, qui a annoncé son départ sur son compte Twitter, a assuré jeudi 13 mai, après l’avoir chaleureusement remerciée, qu’elle pourrait devenir une « fantastique » gouverneure de l’Arkansas. Le poste actuellement occupé par un républicain deviendra vacant en 2022.

A la Maison Blanche, la baptiste a porté sa foi en sautoir. « Dieu nous appelle tous à remplir différents rôles à différents moments et je pense qu’il voulait que Donald Trump devienne président, et c’est pourquoi il est là », a-t-elle déclaré le 31 janvier. Quatorze mois plus tôt, le 20 novembre 2017, à l’occasion de la fête de Thanksgiving, elle avait incité les journalistes à dire ce en quoi ils étaient personnellement reconnaissants avant de pouvoir poser leur question. La majorité s’était exécutée.

Face-à-face tendu entre un journaliste et une porte-parole de la Maison Blanche
Durée : 02:21