Voici un corrigé du troisième sujet de l’épreuve de philosophie du bac 2019, série L, que Le Monde vous propose en exclusivité, en partenariat avec Annabac.

Il s’agit d’analyser un texte de Hegel extrait de Principes de la philosophie du droit (1820).

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Le texte

« Pour savoir ce qu’est une loi de la nature, il faut que nous ayons uneconnaissance de la nature, car ces lois sont exemptes d’erreur et ce sont seulement les représentations que nous en avons qui peuvent être fausses. La mesure de ceslois est en dehors de nous : notre connaissance n’y ajoute rien et ne les améliorepas. Il n’y a que la connaissance que nous en avons qui puisse s’accroître. La connaissance du droit est, par certains côtés, semblable à celle de la nature, mais, par d’autres côtés, elle ne l’est pas. Nous apprenons, en effet, à connaître les lois dudroit telles qu’elles sont données. C’est plus ou moins de cette façon que le citoyen les connaît et le juriste qui étudie le droit positif s’en tient, lui aussi, à ce qui est donné. Toutefois la différence consiste en ceci que, dans le cas des lois du droit, intervient l’esprit de réflexion et la diversité de ces lois suffit à nous rendre attentifs à ce fait que ces lois ne sont pas absolues. Les lois du droit sont quelque chose de posé, quelque chose qui provient de l’homme. La conviction intérieure peut entrer enconflit avec ces lois ou leur donner son adhésion. L’homme ne s’en tient pas à ce qui est donné dans l’existence, mais il affirme, au contraire, avoir en lui la mesure de cequi est juste. Il peut sans doute être soumis à la nécessité et à la domination d’uneautorité extérieure, mais il ne l’est pas comme dans le cas de la nécessité naturelle, car son intériorité lui dit toujours comment les choses doivent être, et c’est en lui-même qu’il trouve la confirmation ou la désapprobation de ce qui est en vigueur.Dans la nature, la vérité la plus haute est qu’il y a une loi ; cela ne vaut pas pour les lois du droit où il ne suffit pas qu’une loi existe pour être admise. »

Les enjeux du texte

• Quelle est la spécificité des lois positives ? Instituées par les hommes, celles-ci doivent-elles seulement être distinguées des lois universelles de la nature par leur caractère particulier ?

• C’est cette question qu’aborde Hegel dans ce texte, en comparant les lois universelles de la nature et les lois faites par les hommes.

• Hegel met d’abord en évidence le fait que nous pouvons connaître les lois de la nature comme les lois positives, avant de faire apparaître leur hétérogénéité essentielle.

Plan détaillé

1. Nous pouvons connaître les lois de la nature comme les lois positives

A. NOUS POUVONS CONNAÎTRE LES LOIS DE LA NATURE

• Dans un premier temps, il faut admettre que nous pouvons connaître les lois de la nature comme les lois positives. Une loi de la nature est une loi physique, qui établit un rapport nécessaire entre une cause et un effet. Ces lois sont universellement vraies, et si, remarque Hegel, une loi physique se révélait fausse, cela ne tiendrait qu’à une erreur de notre part : la vérité ou l’erreur n’est pas dans le réel mais bien dans notre rapport au réel.

• Connaître les lois de la nature n’est rien d’autre que les découvrir, ou les révéler : nous ne les inventons pas, et leur vérité dépend donc de leur adéquation au réel.

B. NOUS POUVONS CONNAÎTRE LES LOIS JURIDIQUES

• De la même façon, les lois positives font l’objet d’une connaissance puisqu’elles ne sont pas innées. Les lois positives sont posées par les hommes, si bien que nous sommes amenés à en prendre connaissance (en tant que citoyen censé les respecter, ou en tant que professionnel du droit).

• Nous devons donc apprendre à savoir quelles sont les lois qui fixent ce qui est permis ou interdit dans une société donnée à un moment donné de son histoire : rien ne nous indique spontanément ces limites.

2. Les lois positives ne font pas que décrire le réel

A. LES LOIS POSITIVES SONT ISSUES DE L’ESPRIT DE RÉFLEXION

• Pourtant, si nous pouvons dire, à partir de là, qu’il nous est possible d’apprendre à connaître les lois du monde physique comme les lois positives, si ces deux types de lois décrivent donc un certain état du réel (la nature pour les lois physiques, telle société pour les lois juridiques), Hegel souligne leur différence essentielle.

• En effet, les lois positives sont issues de « l’esprit de réflexion ». Autrement, dit, elles ne font pas que décrire le réel, ce que prouve d’ailleurs leur diversité : elles varient selon les époques et le temps. Autrement dit, elles sont l’objet d’une décision humaine.

B. NOTRE ÉVALUATION DES LOIS REPOSE SUR LA JUSTICE

• Ainsi, si elles nous apparaissent parfois comme incontestables, posées face à nous comme la structure qui définirait notre société, ces lois ne sont pas posées face à nous mais par nous.

• Contrairement aux lois naturelles dont nous ne sommes pas la mesure, les lois positives sont donc faites à la mesure de ce qui, dit Hegel, « est juste ».

• Ainsi, même quand une loi positive apparaît face à moi, je l’évalue selon cette valeur qu’est la justice : la loi positive vise la justice comme son idéal, si bien que je ne peux pas la penser comme une nécessité qui s’imposerait à moi.

Conclusion

Si certaines conceptions du droit font dériver les lois positives d’un ordre naturel, Hegel pose ici la spécificité des lois positives : certes, ces lois font l’objet d’un apprentissage, mais là où la loi physique vise la vérité, la loi positive vise la justice. Si la loi positive peut nous apparaître face à nous comme étant déjà là, elle n’en est pas moins faite par nous, si bien que nous n’apprenons pas seulement à la connaître : nous l’envisageons immédiatement d’après cette valeur qu’est la justice.

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