Des bateaux Bénéteau dans le port de La Rochelle (Charente-Maritime), en septembre 2016. / XAVIER LEOTY / AFP

La décision a été radicale et a surpris le landerneau de la plaisance. Lundi 17 juin, Hervé Gastinel, le directeur général du groupe Bénéteau depuis août 2015, a été remercié. Jérôme de Metz, président du conseil d’administration depuis février, a été nommé par le groupe familial vendéen président-directeur général. Ainsi, un financier, qui a créé et fait prospérer le fonds MBO Partners, prend la suite d’un dirigeant issu de l’industrie. Il est vrai que les mauvais résultats financiers du dernier semestre – Bénéteau a essuyé une perte de 1,6 million d’euros – n’ont pas plaidé en faveur de M. Gastinel.

« C’est une nouvelle étape pour le groupe, a déclaré M. de Metz à l’occasion d’un point presse, lundi matin. Depuis plusieurs années, sous la direction de M. Gastinel, l’entreprise a connu une croissance très forte, avec de nombreux nouveaux produits, d’importants investissements dans les usines, des acquisitions et de nouvelles initiatives dans le numérique, avec le lancement de systèmes de location comme Band of Boats ou les Boat Clubs. Aujourd’hui, le groupe doit faire le point et mieux coordonner ses différentes marques. »

Sous la direction de M. Gastinel, Bénéteau a changé de dimension. Grâce au rachat de l’américain Rec Boat, effectué en 2014 par son prédécesseur, le chiffre d’affaires est passé de 967 millions d’euros à près de 1,3 milliard d’euros sur le dernier exercice. M. Gastinel a également repris plusieurs chantiers navals afin d’élargir la couverture du marché de la plaisance, dont le slovène Seascape et le polonais Delphia Yachts.

Le groupe a, de surcroît, largement amélioré sa marge opérationnelle. Celle-ci a progressé bien plus rapidement que le chiffre d’affaires, passant de 95 à 152 millions d’euros en quatre ans. En recrutant plusieurs cadres issus de l’industrie automobile, Bénéteau a converti ses chantiers à une production plus efficace.

Ralentissement du marché

Cela ne s’est pas fait au détriment de l’emploi. Alors qu’en 2009, le groupe avait dû faire partir 700 collaborateurs, le chantier naval a recruté ces deux dernières années près de 1 000 personnes pour ses sites français de Vendée et d’Aquitaine. Depuis 2013-2014, le marché de la plaisance connaît une très forte croissance, notamment pour les catamarans, qui permettent de saturer les sites de fabrication du groupe.

Financièrement, Bénéteau ne tient cependant pas ses promesses, malmené par le ralentissement du marché, qui, toutefois, progresse toujours (+ 2 % à 3 % par an). « Nous ne sommes pas sur la trajectoire prévue », juge M. de Metz. Pour retrouver le chemin de la croissance, le nouveau dirigeant entend avant tout travailler sur sa politique de marques (il détient un portefeuille de douze marques, dont Bénéteau, Jeanneau, CNB ou Lagoon) et éviter toute cannibalisation entre elles.

« Les marques sont assez indépendantes et le resteront, mais nous souhaitons mieux les coordonner afin de les faire travailler de manière transversale. Aujourd’hui, il subsiste encore un esprit de silo entre les différentes marques, assure Jérôme de Metz. Nous devons améliorer encore l’organisation opérationnelle du groupe. »

Pour autant, pas question de recentraliser davantage de fonctions. « Il faut coordonner par une stratégie claire et partagée, et non centraliser, assure Gianguido Girotti, le directeur général délégué chargé de la division bateau. Sur le dernier exercice, la stratégie était un peu floue. Chaque marque avait tendance à avancer sans tenir compte des autres. »

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