Manifestation dans les rues d’Alger le 14 juin. / Ramzi Boudina / REUTERS

C’est un avertissement qui vient du nouvel homme fort de l’Algérie. Le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, a mis en garde mardi 18 juin contre toute transition hors du cadre constitutionnel, telle que la réclame l’actuel mouvement de contestation. Selon lui, elle aboutirait à « la destruction des fondements de l’Etat ».

« Celui qui voue rancune et animosité envers l’armée (...) et son commandement est indubitablement un ennemi de l’Algérie », a jugé le général Gaïd Salah, devenu de facto le leader du pays depuis la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika.

« Un tunnel obscur »

Soutien durant quinze ans du président déchu, le général Gaïd Salah est critiqué pour son rejet des revendications du mouvement qui agite l’Algérie depuis le 22 février. Les manifestants réclament depuis le début la fin du « système » au pouvoir et la mise en place d’institutions ad hoc, chargées de réformer l’Algérie, d’élaborer un nouvelle Constitution puis d’organiser un scrutin pour élire un nouveau chef de l’Etat.

Ceux qui « tentent sciemment d’outrepasser, voire geler, l’application des dispositions de la Constitution, réalisent-ils que cela signifie la suppression de toutes les institutions de l’Etat et s’engouffrer dans un tunnel obscur dénommé le vide constitutionnel ? », a interrogé le général Gaïd Salah dans son second discours en deux jours, prononcé lors d’une visite sur le terrain :

« Il est impensable de procéder, au nom du peuple, à la destruction de la réalisation du peuple algérien, qui est (...) la Constitution. »

Transition de six mois à un an

De leur côté, les contestataires ne désarment pas, et continuent de réclamer le départ de ceux qui ont accompagné Aziz Bouteflika durant ses vingt ans de pouvoir, au premier rang desquels le général Gaïd Salah.

Samedi, une centaine d’organisations de la société civile ont proposé une transition de six mois à un an, dirigée par une instance présidentielle ou une personnalité consensuelle, avec un gouvernement chargé de gérer les affaires courantes et l’installation d’une commission indépendante chargée d’organiser la présidentielle devant élire un successeur à M. Bouteflika.

La Constitution prévoit que le chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, assure la poursuite des affaires courantes jusqu’au 9 juillet, délai à l’issue duquel il est censé remettre le pouvoir à un nouveau président élu. Mais les différents délais (convocation, candidatures, campagne...) prévus par la loi électorale rendent impossible l’organisation d’un scrutin d’ici à cette date.

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