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Les grands argentiers de quinze pays d’Afrique de l’Ouest, réunis à Abidjan lundi 17 juin, ont réaffirmé l’objectif de lancer une monnaie unique en 2020, malgré les « défis » à relever pour ce projet évoqué depuis trente ans.

La réunion des ministres des finances et des gouverneurs des Banques centrales des quinze pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) « marque un tournant important dans la mise en place de la monnaie unique », a déclaré en ouverture le président de la Commission de la Cédéao, l’Ivoirien Jean-Claude Brou.

Il s’agit d’un « chantier lancé par les pères fondateurs » de la Cédéao, « l’objectif ultime de l’intégration », a-t-il rappelé. « Les chefs d’Etat de la Cédéao ont demandé d’accélérer ce chantier pour aboutir en 2020 à la monnaie unique. »

« Il y a une volonté politique », « la monnaie unique n’est plus une utopie technocratique », a lancé le ministre ivoirien de l’économie et des finances, Adama Kone, reconnaissant cependant que « le chemin restant à parcourir était parsemé de nombreux défisIl reste à lever des obstacles pour la libre circulation des biens, des capitaux et des personnes » à l’intérieur de la Cédéao.

Serpent de mer

« Le nom et le symbole de la future monnaie unique devraient être évoqués » lors de la réunion d’Abidjan, qui s’achève mardi, a indiqué Jean-Claude Brou. Les experts doivent débattre également du « choix du régime de change » et du « modèle de Banque centrale ».

Ces travaux seront soumis aux chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao lors de leur prochain sommet à Abuja, le 29 juin, a-t-il dit.

La monnaie unique de la Cédéao, serpent de mer dont on parle depuis trente ans, remplacerait le franc CFA et sept autres devises nationales. Ces monnaies ne sont pas convertibles entre elles, ce qui ne facilite pas les échanges.

Le franc CFA fait l’objet d’une polémique récurrente entre ses défenseurs, qui soulignent sa stabilité, et ses détracteurs, qui l’accusent d’être une monnaie « néocolonialiste ».

Créée en 1975, la Cédéao regroupe aujourd’hui quinze pays totalisant 300 millions d’habitants, dont 180 pour le seul Nigeria, poids lourd de la zone.

Selon un expert financier ouest-africain, une véritable monnaie unique n’est pas réalisable à court terme. En revanche, la mise en place d’une « monnaie d’échange commune pour les entreprises et les institutions » est envisageable, sur le modèle de l’écu, l’unité de compte européenne qui avait précédé l’euro.

« On ne fait pas une monnaie unique sur la base du simple voisinage. Il faut un minimum de convergence des économies, voire de complémentarité, qui n’existe pas aujourd’hui », selon cet expert, qui souligne aussi le faible volume d’échanges entre les pays d’Afrique de l’Ouest.