En raison du vieillissement rapide de la population et de l’exode rural, les établissements primaires des campagnes sud-coréennes font face à une pénurie d’écoliers. Pour éviter les fermetures de classes, certaines écoles ciblent désormais les grands-mères illettrées. / JUNG YEON-JE / AFP

Riches ou pauvres, les Terriens vont être confrontés à une nouvelle expérience : leur espérance de vie augmente globalement. Ils vont vieillir comme jamais auparavant. Selon les Perspectives de la population dans le monde 2019 publiées par l’Organisation des Nations unies, plus d’un Européen et d’un Nord-Américain sur quatre (26,1 %) aura plus de 65 ans en 2050. La tendance n’est pas limitée aux Etats les plus développés. En Amérique latine et dans les Caraïbes par exemple, la part de cette tranche d’âge devrait passer de 9 % à 19 % dans le même laps de temps. En Chine et en Asie du Sud-Est, elle devrait grimper de 11 % à 24 %. Ces évolutions très nettes des pyramides des âges sont directement liées aux baisses brusques de la fécondité observées à partir des années 1980 sur plusieurs continents.

Elles correspondent aussi pour une part à une évolution de l’espérance de vie. Celle-ci s’élève à 72,6 ans dans le monde en 2019, soit huit ans supplémentaires par rapport à 1990. L’Afrique subsaharienne en particulier a gagné douze ans, mais la moyenne y est de 61,1 ans. Dans cette région, la proportion de seniors gagne aussi du terrain, modestement : de 3 % à 5 % environ en 2050. A l’échelle mondiale, les plus de 65 ans qui constituent actuellement 9,1 % de la population, devraient en représenter 11,7 % en 2030, 15,9 % en 2050. Et les démographes évaluent leur groupe d’âge à 22,6 % en 2100. Mais qui peut affirmer ce qu’il arrivera d’ici là ?

Un poids sur l’organisation des sociétés

Déjà en 2018, pour la première fois dans l’histoire, les cohortes de seniors dépassaient celles des enfants en dessous de 5 ans dans le monde. Les projections indiquent que le nombre des premiers devrait doubler alors que celui des seconds restera inchangé dans les trente prochaines années. Il faut donc s’attendre mathématiquement à compter au moins deux fois plus de personnes âgées que de bambins en 2050. A cette date, les plus de 65 ans seront 1,5 milliard (16 % des habitants de la planète), tandis que tous ensemble, les effectifs d’adolescents et de jeunes de 15 à 24 ans devraient se chiffrer à 1,3 milliard.

Le nombre de plus de 80 ans croît encore plus vite. Leurs effectifs ont presque triplé depuis 1990 : de 54 millions à cette date à 143 millions aujourd’hui. Les experts pronostiquent qu’ils seront 426 millions en 2050 et peut-être même au moins deux fois plus en 2100. Ils ne seront plus l’apanage des nations développées. Alors qu’aujourd’hui, 38 % des plus de 80 ans résident en Europe et en Amérique du Nord, ils ne devraient plus être que 26 % en 2050, 17 % en 2100.

Marché du travail, performances économiques, pression fiscale… Cette évolution va peser sur l’organisation des sociétés et pose la question de la protection sociale et de la santé des anciens. Si l’Afrique du Nord et l’ouest de l’Asie peuvent actuellement compter sur une proportion d’un peu plus de huit personnes de 25 à 64 ans – en âge de travailler donc –, pour une de plus de 65 ans, ce n’est pas le cas partout. En Australie, en Nouvelle-Zélande, en Europe et en Amérique du Nord, cette répartition des tâches est moins favorable avec trois habitants en âge d’être actifs pour un senior. Et dans 48 pays à travers le monde, cela risque de se limiter à deux personnes d’ici 2050. La situation la plus critique est celle du Japon avec un ratio de 1,8 en 2019.