Ils sont issus de tout l’arc républicain. Une quinzaine d’élus se sont retrouvés, mercredi 19 juin au soir à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), pour une réunion publique destinée à lancer la collecte des signatures contre la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP). Objectif affiché : rassembler les 4,7 millions de signatures nécessaires pour organiser un référendum d’initiative partagée (RIP) contre cette opération financière, adoptée définitivement par le Parlement le 11 avril.

« Nous sommes dans une réunion peu banale, avec des parlementaires de toutes ces sensibilités, des parlementaires centristes, des parlementaires de droite, on est dans une configuration assez inhabituelle », a relevé le député PCF Stéphane Peu, organisateur de l’événement, en introduisant le meeting.

« Nous avons besoin d’être unis »

Assis sur la scène de la Bourse du travail, ils étaient une quinzaine devant environ 250 personnes, dont quelques syndicalistes agitant à l’occasion des drapeaux CGT. Parmi eux, les députés Les Républicains Gilles Carrez et François Cornut-Gentille, les députés de La France insoumise Clémentine Autain et Eric Coquerel, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, le secrétaire national du Parti communiste français Fabien Roussel. Dans la salle se trouvaient également les sénatrices Esther Benbassa (Europe Ecologie-Les Verts) et Sophie Taillé-Polian (Génération·s), le patron des sénateurs PS Patrick Kanner ou encore le député Boris Vallaud.

Auprès de la presse, Eric Coquerel a salué un meeting « historique », disant n’avoir jamais participé à une réunion avec des élus issus d’horizons politiques si différents. Ciment de cet œcuménisme inédit, « la défense de ce qu’on considère comme l’intérêt supérieur de la nation », a souligné M. Peu. « Nous avons besoin d’être unis pour gagner la bataille contre la privatisation d’Aéroports de Paris », lui a fait écho M. Carrez. Initié par des parlementaires PS, le référendum d’initiative partagée (RIP) a été enclenché il y a deux mois avec le soutien de près de 250 députés et sénateurs, allant de LFI à LR.

Un « fonds pour l’innovation de rupture »

A chaque privatisation, le gouvernement est accusé de « vendre les bijoux de famille ». Or, si l’Etat n’en détient actuellement qu’à peine plus de la moitié, le Groupe ADP constitue en valeur la deuxième participation dans les entreprises cotées au CAC 40, après EDF. Il pèse plus de 9,7 milliards d’euros, soit près de 12 % du portefeuille boursier des participations de l’Etat. Le Groupe ADP verse aussi des dividendes, qui s’élevaient à 174 millions d’euros en 2018 et qui augmentent proportionnellement à la hausse du résultat net (qui a doublé en cinq ans).

Pourquoi décider de vendre maintenant ? L’objectif de la loi Pacte est de « donner aux entreprises les moyens d’innover et de grandir ». Dans ce cadre, les privatisations d’ADP, mais aussi de La Française des jeux et d’Engie, sont destinées à alimenter un « fonds pour l’innovation de rupture » de dix milliards d’euros, qui servira à financer des projets technologiques (intelligence artificielle, nanoélectronique, etc.). Un autre intérêt de la vente est moins mis en avant : il s’agit simplement de réduire l’endettement de l’Etat. Comme l’expliquait le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, aux Echos, les cessions doivent faire baisser la dette publique de 0,5 point (alors qu’elle devrait atteindre 98,6 % du produit intérieur brut (PIB) en 2019, selon la loi de finances).