Le patron de Boeing Commercial Airplanes et son homologue d’IAG, au Salon du Bourget, près de Paris, mardi 18 juin. / Pascal Rossignol / REUTERS

C’est un signe supplémentaire qui laisse entendre que le 737 MAX n’est pas loin de reprendre du service. Le groupe IAG, maison mère de British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling et Level, a créé la surprise, avec l’annonce, mardi 18 juin, de la signature d’une lettre d’intention portant sur une commande géante de 200 exemplaires du 737 MAX. Ce contrat est évalué, prix catalogue, à 24 milliards de dollars (environ 21,5 milliards d’euros). Même s’il ne s’agit pas d’une commande ferme, cette annonce semble marquer le retour sur le marché de Boeing.

Le 737 MAX est interdit de vol depuis le 13 mars, après deux accidents en cinq mois, qui ont causé la mort de 346 passagers et membres d’équipages. Délaissé par ses clients, l’avionneur américain faisait figure de parent pauvre depuis le début du Salon du Bourget qui a ouvert ses portes lundi 17 juin. Il n’avait décroché que quelques rares contrats, laissant Airbus faire la course en tête avec plus de 30 milliards de dollars de commandes.

Pour justifier cette acquisition, IAG dit s’attendre à une remise en service prochaine de l’avion. De fait, selon les avionneurs et les équipementiers, l’appareil pourrait reprendre l’air dès le début du mois d’août, après avoir passé avec succès des essais en vol dans les prochains jours. « Nous avons toute confiance en Boeing et nous pensons que l’avion pourra être remis en service dans les mois à venir avec l’approbation des régulateurs », a déclaré le directeur général, Willie Walsh. IAG est la première compagnie à acheter des MAX depuis qu’il a été cloué au sol.

Coup double

Cette annonce a a provoqué quelques sarcasmes sur les réseaux sociaux. Nombre d’internautes prétendent qu’IAG a dû obtenir d’important rabais. « Un MAX acheté, un deuxième offert », se moque l’un d’eux. En effet, la rumeur court que Boeing est prêt à tous les sacrifices financiers pour vendre son MAX et en terminer avec la période de vaches maigres. Depuis le 13 mars, l’avionneur américain n’avait plus reçu aucune commande pour son MAX, qui reste pourtant son produit-phare, un véritable best-seller, avec plus de 5 000 commandes à ce jour. Loin, toutefois, d’Airbus, qui caracole en tête des ventes, avec plus de 6 000 exemplaires de son A320neo déjà commandés.

Du côté de Boeing, c’est le soulagement. « Nous sommes honorés que les dirigeants d’IAG aient placé leur confiance dans le MAX. » Toutefois, il y a encore loin de la coupe aux lèvres. IAG doit encore finaliser son achat avant que les premiers exemplaires n’entrent dans sa flotte à partir de 2023. IAG estime que, d’ici là, les passagers auront oublié les deux catastrophes aériennes qui avaient provoqué l’arrêt du MAX. Avec la commande géante du groupe britannique, l’avionneur de Seattle sort par le haut de la crise qui le frappe depuis plus de trois mois. Il fait même coup double. En effet, jusqu’à maintenant, IAG opérait une flotte moyen-courrier presque exclusivement composée d’Airbus A320. Sans doute alléché par les prix canons concédés par le constructeur américain, IAG a tourné casaque et délaissé Airbus.

L’autre grand gagnant est Safran, dont le moteur Leap, produit en partenariat avec l’américain GE, équipe en exclusivité tous les 737 MAX. Le motoriste devrait empocher plus de 15 milliards de dollars. Lundi, après la commande de la compagnie indienne à bas coûts Indigo, ce sont 20 milliards de dollars qui étaient déjà tombés dans son escarcelle.

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