La joueuse Marta Vieira (à gauche) et l’équipe brésilienne célèbrent leur victoire après le pénalty contre l’équipe italienne. / FRANCISCO SECO / AP

C’est sous les sifflets d’une partie du public, acquis aux Italiennes, et devant des centaines de smartphones pointés sur elle, que la Brésilienne Marta est entrée dans l’histoire. Avec son penalty transformé contre les Azzurre à Valenciennes mardi 18 juin, la meneuse de jeu n’a pas seulement propulsé la Seleção en huitièmes de finale, elle a marqué le 17e but de sa carrière en phase finale de Coupe du monde de football. Un de plus que l’Allemand Miroslav Klose, et donc, un record, hommes et femmes confondus.

« Je suis heureuse, pas seulement d’avoir battu ce record, mais également d’avoir pu incarner ces femmes et ces coéquipières qui jouent au football », a déclaré la star du jour, connue pour son engagement pour l’égalité entre les genres, avant d’ajouter : « ce qui m’importe, c’est que mon équipe puisse aller plus loin dans ce tournoi. »

En offrant cette victoire (1-0) aux siennes, la Brésilienne de 33 ans a assuré à son pays une place parmi les meilleurs troisièmes de la phase de poule, synonyme de qualification pour la suite de la compétition. Il faudra attendre la fin des rencontres des autres poules, mais les coéquipières de Marta devraient très probablement affronter les Bleues en huitièmes de finale, ou l’Allemagne.

Un Brésil fatigué

Les poings levés de Marta après son but historique ne trompent toutefois pas les observateurs. On l’a connue mieux cette légende du football, qui dispute sa cinquième Coupe du monde. Plus fraîche, plus rapide, plus flamboyante.

Contre les Italiennes, elle a certes fait parler sa technique à plusieurs reprises notamment sur une passe en louche au-dessus de la défense italienne à destination de Debinha qui était tout près de conclure à la 70e minute. Mais la footballeuse, élue meilleure joueuse FIFA de l’année à six reprises, était à l’image de son équipe mardi : diminuée.

Ce n’est pas un hasard si elle a quitté le terrain peu de temps après son but. De retour de blessure, Marta a seulement disputé la première mi-temps du précédent match de poule contre l’Australie et a préféré sortir contre l’Italie, ne voulant pas prendre de risque à ce stade de la compétition.

Privée au milieu de terrain d’Andressa, blessée, et de l’infatigable et irremplaçable Formiga, suspendue, la sélection brésilienne n’a pas brillé dans la construction, se perdant parfois dans des dribbles inutiles.

La première mi-temps était d’ailleurs plutôt légèrement dominée par les Azzurre avec un jeu rapide et propre salué par le public. La gardienne Barbara dut même s’illustrer sur deux frappes dangereuses de l’attaquante de la Juventus de Turin, Bonansea.

La deuxième période tournait en faveur des Brésiliennes, plus inspirées mais qui buttaient sur une défense italienne exemplaire, avant le penalty, sifflé à la 74e minute, qui donna la victoire aux Brésiliennes. Sans conséquence pour les Azzurre, premières de leur groupe avant la rencontre, et toujours en tête après cette défaite.

Un doute sur le physique des Brésiliennes

Ce qui interroge chez ce Brésil qui n’imprime pas son jeu, ce sont les blessures à répétition. Avant la Coupe du monde, les Brésiliennes ont été privées de trois cadres en défense : Rafaelle, Benittes et Erika. Une faiblesse qui s’est révélée au grand jour lors de la défaite (3-2) contre l’Australie, 6e au classement FIFA, quand les Brésiliennes ont encaissé trois buts alors qu’elles menaient 2-0.

Et puis, dans ce Mondial, déjà quatre joueuses ont été diminuées par des blessures légères dont l’attaquante Cristiane, et la défenseure Kathellen. « Il n’y a ni erreur, ni problème, ni charge physique excessive à l’entraînement », affirmait l’entraîneur Vadao, agacé par les questions sur ce point, après la rencontre. « J’avais déjà identifié que le défi serait physique. Nos joueuses jouent dans différents championnats avec des calendriers différents et des temps de préparation différents », se justifiait le sélectionneur.

Si la faiblesse physique n’a pas eu de conséquences lors du premier match face aux novices jamaïcaines (3-0), ce point pourrait être un grand handicap face à des nations solides comme la France ou l’Allemagne en huitièmes de finale.

Vadao a beau affirmer avec aplomb que « le Brésil n’est pas un outsider », sa sélection, qui a connu sa seule finale de Coupe du monde en 2007, ne figurait pas parmi les favorites avant ce Mondial et le jeu produit pendant la phase de poule n’a pas convaincu. « Nous sommes prêts à affronter n’importe quelle équipe que ce soit la France ou l’Allemagne », déclarait-il après le match. Pour espérer un quart de finale, il faudra monter d’un cran. Reste à savoir si les blessées trouveront un second souffle.