Amandine témoigne devant Olivier Delacroix. / France 2

France 2, mercredi 19 juin à 22 h 35, magazine

Dans ce nouveau numéro de « Dans les yeux d’Olivier », le documentariste Olivier Delacroix est allé à la rencontre de trois femmes qui ont osé porter plainte après avoir été harcelées ou agressées sexuellement au travail.

Tour à tour, elles racontent à visage découvert, chez elles, le calvaire qu’elles ont vécu dans l’entreprise avec un patron qui a abusé de sa position hiérarchique pour tenter d’obtenir des faveurs sexuelles. « Est-ce que t’aimes la levrette ? », demande le patron d’une prestigieuse cave à vins à son employée Amandine. A travers chacun des récits se dessine le même modus operandi de la part de l’agresseur : d’abord les remarques, « blagues » et autres avances, déclarées en parfaite connaissance de cause. « Il me demande carrément depuis combien de temps j’ai pas couché avec un homme », témoigne Laurence, que son employeur harcèle alors qu’elle s’installe seule avec son fils, après son divorce. Puis les attouchements surviennent. « Il enlève sa main de ma cuisse, il me la met près de la gorge et il la descend sur ma poitrine », se souvient Hélène à propos de son premier employeur.

Leurs patrons exercent alors une emprise dont elles mettront des mois, voire des années, à se défaire. C’est d’abord la sidération face aux gestes et aux mots répétés. « Tu sais que le geste va arriver, tu mets ton corps et ton esprit sur off », confie Hélène. Puis la honte et la culpabilité enfoncent ces femmes dans un isolement pernicieux. « J’aurais préféré qu’il me cogne », ajoute Hélène en se remémorant le harcèlement moral qu’elle subit en représailles lorsqu’elle résiste et esquive son responsable.

Supplice de la confrontation

Mais face aux menaces, au chantage et à l’intimidation dont ont usé leurs supérieurs hiérarchiques contre elles, elles ont tenu bon. « En France, une femme sur cinq déclare avoir été victime de harcèlement sexuel au travail, mais il n’y en a qu’une sur cent qui se lance dans des poursuites judiciaires », rappelle le documentariste. « Où que tu ailles, je bousillerai ta carrière. Tu n’es plus rien sans moi », tonne le patron d’Amandine. Perte de sommeil, angoisse, dépression, toutes ont développé des problèmes de santé.

De même, dans chaque cas, l’entourage et la découverte de potentielles autres victimes ont joué un rôle primordial dans le déclenchement des démarches judiciaires. C’est alors le supplice de la confrontation à l’agresseur, qui redouble de mauvaise foi. Souvent, ils nient les faits, en présentant les victimes comme hystériques ou instables. « Elle était folle de moi, je l’ai repoussée », s’enhardit le responsable d’Amandine, qui n’hésite pas à répandre des rumeurs désastreuses pour la suite de sa carrière. Ces femmes « ont dû se battre en justice contre ce qui fait la force des harceleurs : le manque de preuves », pointe Olivier Delacroix.

Lorsqu’une condamnation est prononcée, c’est une renaissance et le début de la reconstruction de leur dignité et de la confiance en elles-mêmes pour les victimes. « Sur le coup, j’ai eu un sentiment de pouvoir, se rappelle Hélène. Je me suis rendu compte à ce moment-là aussi qu’il ne me faisait plus peur. » « Ça veut dire que finalement quelqu’un nous a écoutées dans la société », témoigne encore Emma, collègue d’Amandine et agressée par le même homme.

Près de deux ans après la déflagration de #metoo et de #balancetonporc, Olivier Delacroix sert, avec la bienveillance qui caractérise son émission, l’objectif de ces femmes : témoigner pour que les autres victimes trouvent le courage de le faire à leur tour.

« Dans les yeux d’Olivier :  violences sexuelles au travail : elles ont osé porter plainte », présenté par Olivier Delacroix (Fr., 2019, 190 min). www.france.tv/france-2/dans-les-yeux-d-olivier