Les deux femelles bélugas pèsent environ 900 kilos et mesurent quatre mètres de long. / TIMOTHY A. CLARY / AFP

Pendant des années, elles ont tourné dans leur aquarium de Shanghaï en Chine. Mais Petite blanche et Petite grise, deux femelles bélugas âgées de 12 ans, sont arrivées, mercredi 19 juin, en Islande pour couler des jours paisibles dans un sanctuaire marin unique au monde, qui pourrait accueillir à terme près de 3 000 cétacés actuellement en captivité.

Les deux cétacés ont traversé le globe dans des caissons étanches, avant d’atterrir vers 13 h 45 à l’aéroport international de Keflavik, près de la capitale Reykjavik. L’appareil a été inspecté par la douane avant que des vétérinaires de l’Autorité alimentaire et vétérinaire islandaise (MAST) n’aillent s’enquérir de la santé des deux femelles.

« Nous avons travaillé avec Petite blanche et Petite grise ces dix-huit derniers mois pour qu’elles soient prêtes pour le long voyage, et aussi calmes et détendues que possible », a expliqué en Islande Andy Bool, responsable de l’association Sea Life Trust, initiateur du projet avec l’organisation Whale and Dolphin Conservation (WDC).

Continuation des soins

Ces animaux d’environ 900 kilos et quatre mètres de long doivent rejoindre dans la nuit de mercredi à jeudi la baie de Klettsvik, dans le sud-ouest du pays. Cette baie vaste de 32 000 m2 et qui atteint dix mètres de profondeur est un terrain de jeu trois étoiles comparé aux bassins du Changfeng Ocean World, un parc aquatique où elles amusaient les visiteurs. Les deux bélugas continueront à y bénéficier de soins, de crainte qu’elles ne parviennent à survivre seules dans la nature.

Les cétacés continueront aussi à évoluer sous l’œil des touristes. Un centre d’accueil de visiteurs a été, en effet, construit et de petits groupes pourront approcher les bélugas en bateau.

Pour se préparer à leur nouvel espace de vie, les baleines de Shanghaï ont été entraînées à retenir leur respiration plus longtemps, mais aussi à gonfler leur musculature pour faire face aux marées et aux courants, et à prendre un peu de graisse pour affronter les froides températures islandaises.

Ironie du choix islandais

« Nous allons étudier la possibilité de faire venir d’autres bélugas dans ce sanctuaire une fois que Petite blanche et Petite grise se seront acclimatées », a annoncé Cathy Williamson de la WDC. « Et nous espérons que notre projet de sanctuaire constituera un modèle pour le développement de sanctuaires ailleurs dans le monde. »

Le projet de sanctuaire, dont le coût total n’a pas été dévoilé, a démarré avec une donation de plusieurs millions de livres de Merlin Entertainment (Lego Land, Tussauds group), le groupe de loisirs qui possède le Changfeng Ocean World.

C’était déjà dans la baie de Klettsvik qu’avait été relâché l’orque Keiko, héros du film Sauvez Willy, mais il n’avait pu s’adapter à son nouvel environnement et avait fini par mourir dix-huit mois plus tard. Des militants de défense des animaux ont souligné, en outre, l’ironie du choix de l’Islande comme lieu d’accueil de ce sanctuaire, ce pays défiant ouvertement une interdiction internationale de chasser les baleines.