Patrick Balkany, mercredi 19 juin au tribunal de grande instance de Paris. / ERIC FEFERBERG / AFP

Le tribunal correctionnel de Paris rendra le 18 octobre son jugement dans le second volet du procès des époux Balkany, qui porte sur des délits de blanchiment de fraude fiscale et de corruption entre 2007 et 2014.

Les édiles de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) sont soupçonnés d’avoir caché 13 millions d’euros d’avoirs au fisc entre 2007 et 2014, notamment deux somptueuses villas, Pamplemousse aux Antilles et Dar Guycy à Marrakech : une affaire devenue « un symbole de l’impunité des puissants ».

Sept ans de prison requis

Pendant cinq semaines, entre coups de sang et gouaille culottée, le baron des Hauts-de-Seine aura tout tenté pour n’apparaître que comme un « fraudeur passif » ayant la corruption en « horreur », rattrapé par sa « manie de vouloir toujours faire plaisir ». Le ton est différent, à la barre, où il a dit mercredi ses derniers mots. « Je n’aspire qu’à une chose, c’est de pouvoir rester auprès de ma femme parce qu’elle a besoin que je sois près d’elle », dit-il, regrettant d’avoir entraîné là son fils Alexandre.

Dans ce dossier, Serge Roques et Arnaud de Laguiche, les représentants du Parquet national financier (PNF), ont réclamé sept ans de prison ferme avec mandat de dépôt – incarcération immédiate – et dix ans d’inéligibilité à l’encontre du maire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), jugé pour corruption, blanchiment de corruption et blanchiment de fraude fiscale.

Patrick Balkany, 70 ans, a affronté les cinq semaines de procès sans son épouse et première adjointe Isabelle, 71 ans, en convalescence après une tentative de suicide début mai. Quatre ans avec sursis et 500 000 euros d’amende ont été requis contre elle pour blanchiment de fraude fiscale. « On ne peut lui imputer des faits liés à une quelconque atteinte à la probité », estime le parquet. Une amende de 100 000 euros a en outre été requise contre Alexandre Balkany, pour avoir « couvert » ses parents en souscrivant des baux de location fictifs.

Confusion des peines possible

La décision dans ce dossier tombera donc un mois après le jugement dans le premier volet, portant sur le seul délit de fraude fiscale, mis en délibéré au 13 septembre. Contre Patrick Balkany, le Parquet national financier avait alors requis quatre ans de prison ferme. Deux ans ferme avaient été requis contre sa femme.

Il appartiendra désormais au tribunal de prononcer ou pas une confusion des peines dans ces deux dossiers.

La défense n’a pas manqué de s’insurger à nouveau contre la tentation de l’exemplarité judiciaire contre un homme déjà « déchiqueté » par la presse et contre qui la peine requise est « plus lourde que pour certains crimes de sang ». « On ne peut pas rendre la justice sans protéger les portes du palais du vent de la rue », a lancé Me Eric Dupond-Moretti au tribunal, avant d’attaquer les représentants du parquet : « Du haut de vos petits lutrins transparents – transparents comme la société que vous appelez sans doute de vos vœux –, vous êtes les chefs d’orchestre de la morale publique ».