Le président américain Donald Trump et son épouse Melania, mardi 18 juin, à Orlando. / MANDEL NGAN / AFP

Un show comme il les affectionne, devant quelque 20 000 supporteurs, brandissant des pancartes « Keep America great » (« Garder la grandeur de l’Amérique »), en référence à son slogan de 2016, « Make America great again » (« Rendre à l’Amérique sa grandeur »). En une heure et quart d’un discours centré sur les attaques contre la presse et les démocrates, davantage que sur son bilan ou son programme, Donald Trump a lancé la campagne pour sa réélection en 2020, mardi 18 juin soir, à Orlando en Floride, un Etat traditionnellement disputé lors du scrutin présidentiel.

La presse américaine souligne la difficulté pour le président en exercice de renouveler l’exploit de 2015-2016, lorsque l’annonce de sa candidature puis le ton de sa campagne avaient pris le monde de court. Le New York Times relève ainsi que M. Trump n’a pas fait « de nouvelles propositions politiques, ni exposé un agenda cohérent » :

« Ses conseillers espèrent que le même scénario galvanisera sa base et retiendra les électeurs hésitants qui ont voté pour lui en 2016. »

De fait, M. Trump « a déversé un torrent d’attaques, de contre-vérités, d’exagérations et de rancœur, qui furent la marque de fabrique de sa première campagne ». Il parie sur le fait que « la campagne 2020 sera une rediffusion de Retour vers le futur, version 2016 ».

« Focalisation sur le passé »

Le site Politico relève que quatre ans après sa première annonce de candidature le 16 juin 2015, M. Trump a certes conservé « sa capacité à provoquer et à complaire à un segment de la population qui jubile de voir une autre partie du pays enrager. Il suscite toujours une dévotion extatique chez ses partisans ». Mais cette nouvelle candidature soulève une question : « n’est-il pas devenu la nouvelle norme et de ce fait n’a-t-il pas dilapidé l’origine même de ce qui a constitué son charme ? »

Pour CNN, qui souligne qu’il s’agit en fait du « soixantième rassemblement du mandat, présenté comme le lancement de sa campagne », le président a entonné « des refrains familiers sur l’immigration et le commerce » et dépeint « les démocrates comme des socialistes haineux qui veulent détruire le pays » : « Sa focalisation sur le passé pose la question de sa capacité à imposer le récit de la campagne 2020. » La chaîne a été nommément prise pour cible par le président-candidat.

Même impression pour le site d’informations politiques The Hill.

« Les thèmes sombres rappelaient la campagne de 2016, signe qu’il compte mener le même type de campagne qui a provoqué sa victoire surprise. Mais Trump pourrait rencontrer des difficultés à garder le contrôle du débat et conserver ses soutiens, s’il s’en tient au même message durant les prochains dix-huit mois. »

« Joue la partition qu’il connaît »

Le Washington Post insiste, lui, sur le contraste entre cet événement destiné à souligner « les succès » de la présidence et « le psychodrame et les polémiques » permanents à la Maison Blanche. Or, le candidat à sa réélection a désormais « un bilan d’actions qui ont affecté la vie des gens et leur stabilité ». Le journal rappelle aussi que les enquêtes d’opinion ont, avec constance, montré que davantage de personnes désapprouvent sa politique que l’inverse. Vox également estime que dans un contexte peu favorable, si l’on en croit les sondages, le président « joue la partition qu’il connaît », « négativité et rancœur ».

Fox de son côté liste ses « cibles » pour 2020 : les médias, le FBI, le procureur spécial Robert Mueller, les socialistes, les démocrates… Faute de candidat officiel désigné dans le camp adverse, M. Trump s’en est pris de nouveau à Hillary Clinton, son adversaire en 2016. La chaîne conservatrice relève par ailleurs « l’enthousiasme » de la foule, mais fait aussi état des sondages qui placent le président en mauvaise posture face à plusieurs candidats démocrates dans des Etats-clés, dont la Floride.