Qui pour succéder à Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne ? Les dirigeants de l’Union européenne vont tenter de s’entendre, au cours d’un sommet qui s’ouvre jeudi 20 juin à Bruxelles, sur le nom d’une personnalité. Une tâche qui s’annonce ardue : aucun des prétendants en lice ne fait consensus.

Pour accéder au poste, un candidat doit avoir le soutien de 21 des 28 dirigeants européens et rallier une majorité d’au moins 376 voix au Parlement européen. Or les trois candidats choisis par les familles politiques – l’Allemand Manfred Weber (Parti populaire européen, PPE), le Néerlandais Frans Timmermans (sociaux-démocrates) et la Danoise Margrethe Vestager (libéraux) – ne sont pas parvenus à trouver une majorité au Parlement sur leur nom.

« Je suis prudemment optimiste », a reconnu mercredi le président du Conseil européen, Donald Tusk, mandaté pour trouver un accord entre les chefs d’Etat et le Parlement. Jusqu’ici les discussions patinent, notamment en raison de débats entre la France et l’Allemagne.

Le cas Weber

Un accord se dessine cependant pour la répartition des quatre postes de pouvoir. Le PPE, premier groupe au Parlement, revendique la présidence de la Commission européenne, et cette exigence n’est pas contestée. Les libéraux veulent la présidence du Conseil européen et les socialistes obtiendraient le poste de chef de la diplomatie européenne et se partageraient les cinq années du mandat de présidence du Parlement avec les Verts, à raison de deux ans et demi chacun. Mais « ça peut encore bouger », a averti un responsable européen.

Restent à trouver les noms pour chacune des fonctions. L’accord doit respecter des exigences de parité et d’équilibres géographiques. Donald Tusk s’est engagé à faire nommer deux femmes.

Emmanuel Macron arrivera jeudi pour des entretiens bilatéraux avec la chancelière et le premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sanchez.

Selon nombre de diplomates bruxellois, Mme Merkel chercherait à « débrancher » en douceur M. Weber. Dans cette optique, l’incapacité des prétendants de rallier une majorité au Parlement la soulage, a assuré à l’Agence France-Presse un responsable européen : « Il lui aurait été difficile de renoncer à soutenir Manfred Weber devant le Conseil des chefs d’Etat, mais l’élimination du prétendant du PPE par le Parlement européen lui permet d’examiner une autre candidature. »

Un sommet extraordinaire le 1er juillet ?

Le PPE défend plusieurs personnalités, dont Michel Barnier. Mais Mme Merkel ne pourra pas soutenir un Français si l’Allemand Weber est disqualifié.

En cas d’échec jeudi, un sommet extraordinaire est envisagé le 1er juillet, à la veille de la session inaugurale du nouveau Parlement au cours de laquelle il doit élire son président.

Des discussions animées sont également attendues sur les autres grands thèmes du sommet, notamment l’objectif de neutralité carbone – un équilibre entre les émissions et les absorptions de gaz à effet de serre par les sols et les forêts – à l’horizon 2050 et le budget de la zone euro.