Le roman « La Servante écarlate » a été adapté en série télévisée en 2017 et compte déjà trois saisons. / HULU/MGM TELEVISION/COLL. PROD DB

Une suite, trente-quatre ans après. La romancière canadienne Margaret Atwood va publier un nouveau roman, intitulé Les Testaments, qui prolongera l’univers de La Servante écarlate. L’ouvrage sortira en anglais en septembre, puis en français en novembre, a annoncé, jeudi 20 juin, l’éditeur Robert Laffont.

Publié originellement en 1985 – en 1987 en français –, La Servante écarlate (The Handmaid’s Tale) est un roman dystopique imaginant une dictature nommée Gilead, où les femmes fertiles sont forcées d’avoir des relations sexuelles avec des hommes puissants pour enrayer la chute de la natalité. Les autres femmes sont des épouses (qui ne peuvent pas avoir d’enfants), des domestiques ou des femmes employées à des travaux extrêmement dangereux.

« Enfin une réponse »

Le roman écrit par Margaret Atwood, adapté récemment en série télévisée, raconte le parcours de Defred, une de ces servantes écarlates réduites à l’esclavage sexuel. Mais le récit s’achève sans raconter ce qu’il advient de la jeune femme, laissant les lecteurs dans le flou. « Les Testaments apportent enfin une réponse à leurs questions. Nous retournons à Gilead quinze ans après avoir laissé Defred à son avenir incertain, grâce aux témoignages explosifs de trois narratrices », a fait savoir l’éditeur.

« Chers lecteurs : pour ce livre, j’ai puisé mon inspiration dans toutes les questions que vous m’avez posées à travers les années sur Gilead et ses rouages internes. Enfin, presque toutes ! Mon autre source d’inspiration, c’est le monde dans lequel nous vivons », a expliqué la romancière, citée par l’éditeur.

La sortie des Testaments sera accompagnée par une nouvelle édition de La Servante écarlate, avec une préface inédite de Margaret Atwood, a précisé l’éditeur, qui en a révélé un extrait :

« J’ai commencé La Servante écarlate à Berlin-Ouest, en 1984 – oui, George Orwell regardait par-dessus mon épaule –, sur une machine à écrire allemande que j’avais louée. Le Mur était tout autour de nous. De l’autre côté, il y avait Berlin-Est, et aussi la Tchécoslovaquie et la Pologne, que j’ai visités tous les trois à l’époque. Je me souviens de ce que me disaient les gens et de ce qu’ils ne me disaient pas. Je me souviens des pauses significatives. Je me souviens que j’étais moi-même obligée de faire attention à ce que je disais, de peur de mettre quelqu’un en danger par inadvertance. Tout cela s’est retrouvé dans mon livre. »

Le récit apocalyptique de Margaret Atwood, reléguant la gent féminine en objet, s’est imposé aux Etats-Unis comme une parabole de la dérive conservatrice américaine et des agressions sexuelles subies par les femmes, notamment pour les militantes et militants anti-Trump. Le costume rouge porté par les femmes de la République de Gilead, qui rappelle les tenues des nonnes, s’est notamment imposé comme un cri de ralliement : omniprésent aux Etats-Unis pendant la bataille contre la confirmation à la Cour suprême du juge Brett Kavanaugh, accusé de tentative de viol quand il était lycéen, il est réapparu lors de manifestations pour les droits des femmes et le droit à l’avortement ; ou, ces derniers mois, en Argentine, en Irlande, en Belgique et en Pologne.