Le trophée de la Coupe d’Afrique des nations. / ISSOUF SANOGO / AFP

Chronique. Ce vendredi 21 juin, s’ouvrira en Egypte la 32e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Initialement, la compétition devait se dérouler au Cameroun, retoquée en novembre 2018 par la Confédération africaine de football (CAF). L’instance suprême a en effet estimé que les Camerounais n’ont pas rassuré la commission d’inspection venue juger sur pièces les infrastructures nécessaires au bon déroulement de l’événement.

A six mois de l’échéance, la décision a semblé précipitée aux yeux de beaucoup d’observateurs, et Ahmad Ahmad, élu contre toute attente quelques mois auparavant à la présidence de la CAF, succédant au Camerounais Issa Hayatou, fut tout de suite l’objet de tirs nourris.

Le Malgache, ancien ministre de la pêche de son pays, a traîné d’entrée une image brouillée en décidant sans véritable concertation que, pour cette édition, vingt-quatre nations seront qualifiées au lieu des seize habituelles et qu’elle se tiendra pour la première fois en juin – période de grande chaleur et de fortes pluies – et non plus en décembre ou mars.

Madagascar, Mauritanie, Burundi

Du reste, deux affaires récentes empoisonnent le quotidien de M. Ahmad. Tout d’abord, la finale de la Ligue des champions africaine entre le Wydad Athletic Club de Casablanca et l’Espérance sportive de Tunis devra être rejouée sur terrain neutre après la CAN, alors que les Marocains avaient été déclarés battus pour avoir quitté le terrain, et le trophée remis aux Tunisiens. Le comité exécutif de la CAF – une simple chambre d’enregistrement ? – en a décidé autrement. L’autre affaire dérangeante pour le dirigeant malgache, c’est son interpellation il y a peu à Paris pour une accusation de corruption par un équipementier.

Cela dit, l’accroissement du nombre de qualifiés a profité à certaines sélections dont ce sera la toute première participation. Il s’agit de Madagascar – n’y voir qu’une coïncidence –, de la Mauritanie et du Burundi. A signaler les absences de la Zambie, pourtant déjà vainqueur du tournoi, et du Burkina Faso.

Pour cette 32e édition, la faveur des pronostics va évidemment à l’Egypte, pays organisateur et qui compte sept victoires. Certes, le pays hôte s’appuyait habituellement sur une ossature de joueurs évoluant à domicile. Mais, cette fois, à l’image de Mohamed Salah, attaquant du Liverpool Football Club, les meilleurs éléments égyptiens jouent dans des clubs européens ou dans des pays du Golfe. Une conséquence de la crise sociopolitique qui a conduit à la chute de Hosni Moubarak en 2011. Par ailleurs, les supporteurs des deux grands clubs cairotes, Al Ahly et son rival Zamalek, sont interdits de stades, leurs ultras étant soupçonnés d’être de mèche avec la frange des islamistes les plus radicaux.

Cameroun, Maroc, Sénégal

Le Cameroun, vainqueur surprise de la dernière édition et cinq victoires à son actif, le Maroc, dont la reconstruction semble bien menée par le Français Hervé Renard, et le Sénégal comptent parmi les autres favoris. Ce dernier, numéro 1 africain au dernier classement FIFA, présente le meilleur bilan du continent en 2018 lors de la Coupe du monde en Russie.

Pourtant, le pays est un football sans trophée, ni en club, ni en sélection. Cela malgré de nombreux et talentueux joueurs – dont Sadio Mané – disséminés en Europe. En 41 matchs sous Aliou Cissé, l’entraîneur et ancien joueur du PSG, les Lions de la Teranga ont gagné 25 fois, fait 12 fois match nul, ne concédant que 4 défaites.

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Ce qui manque le plus au Sénégal, c’est un dirigeant comme l’a été El Hadji Malick Sy, qui avait conduit l’équipe nationale en finale de la CAN 2002 au Mali, puis en quart de finale au Mondial en Corée du Sud et au Japon aussi en 2002. En somme, des dirigeants d’envergure.

A se méfier de cinq nations qui ont aussi des arguments : la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria, l’Algérie et la Tunisie.

Pape Diouf a été président de l’Olympique de Marseille de 2005 à 2009.