« C’est l’heure du foot ! », proclame une inscription à l’intérieur d’un restaurant de Valenciennes. Depuis désormais deux semaines, la Coupe du monde féminine de football bat son plein en France. Et alors que les huitièmes de finale s’annoncent, à compter du samedi 22 juin – l’équipe de France dispute le sien dimanche contre le Brésil –, la compétition semble avoir trouvé ses marques dans l’Hexagone. « Le bilan est plus que positif, insiste Erwan Le Prévost, directeur du comité d’organisation (LOC), il est même au-delà de nos espérances. »

Dans les enceintes, l’ambiance est bon enfant, d’autant que nombre de jeunes gens ont investi les gradins. Un public familial qui s’est illustré dès le match d’ouverture de la compétition au Parc des Princes par une Marseillaise en chœur où dominaient presque les voix de femmes et d’adolescents.

Si les organisateurs avaient fait le pari de faire venir les familles au stade – avec notamment une politique tarifaire raisonnable –, le résultat dépasse leurs attentes. « Au point que l’on est parfois limite en termes de personnel féminin pour les palpations à l’entrée des stades », sourit Erwan Le Prévost.

Même refrain du côté des diffuseurs télé, où les audiences crèvent l’écran. Si les Françaises battent record sur record – et font s’agglutiner près de 10 millions de spectateurs à chaque match –, d’autres rencontres cartonnent également, se félicite-t-on chez TF1. Ainsi, Italie-Brésil ou Argentine-Angleterre ont dépassé le million de téléspectateurs, signe que la compétition dans son ensemble a trouvé son public. Y compris à l’étranger.

En dépit de cet indéniable engouement, de nombreux stades n’ont pas fait le plein lors du premier tour, notamment pour les rencontres des « petites » équipes des terres lointaines. Voire ont sonné creux. Mettant en avant les 20 matchs (sur 52) à guichets fermés, et la barre du million de tickets vendus dépassée, les organisateurs préfèrent insister sur le fait d’avoir remporté leur pari de populariser une compétition entamée sans aucune certitude.

En dehors des stades, dans les villes et les centres-villes accueillant la compétition, il n’est pourtant pas toujours évident de réaliser que la Coupe du monde bat son plein. L’affichage est réduit, quasi inexistant. Au point que des médias anglo-saxons s’en sont émus, étonnés de ne trouver dans le métro parisien que des affiches pour les rencontres des Bleus – qualifications à l’Euro 2020 – alors que le Mondial débutait.

Léger frémissement

Sur la place d’Armes de Valenciennes, la fan-zone de la cité du Nord ne fait pas le plein, à l’exception d’une cohorte néerlandaise ayant submergé le centre-ville à l’occasion du premier match de ses protégées. Un phénomène que l’on observe dans la majorité des villes hôtes.

A Nice, à l’occasion de la rencontre France-Norvège, les supporteurs norvégiens ont investi les bars et les pubs de la ville quelques heures avant le match, mais la ville a à peine frémi. De même qu’à Montpellier, où le stade de la Mosson a peiné à faire le plein (moins de 12 000 spectateurs par match). Taxis et hôtels constatent un léger frémissement de leur activité les jours de matchs mais les touristes ne s’attardent pas dans la ville héraultaise.

« Tout est une question de comparaison, nuance Erwan Le Prévost. Cela reste une Coupe du monde féminine de football qui n’a pas les mêmes budgets qu’un Euro ou une Coupe du monde masculine. » Obligés de faire des choix, les organisateurs de la compétition assument d’avoir mis l’accent – et les moyens – sur les stades et les fan-zones, quitte à ce que les villes hôtes « ne se pavoisent pas à 100 % aux couleurs de la Coupe du monde ».

A Reims, l’office du tourisme se félicite malgré tout de la compétition. D’autant que la ville champenoise a accueilli des rencontres des Etats-Unis et des Pays-Bas, les deux plus importants contingents du Mondial – exception faite des Bleues. Destination touristique – avant Pays-Bas-Canada, le parvis de la cathédrale se transforme en Photomaton pour les fans des Oranjes –, « Reims s’était préparée à accueillir du monde, savoure Alexandre Bariteaud, directeur marketing et commercial à l’office de tourisme. Mais les fans étrangers animent la ville de façon extraordinaire. » Avec un seul regret : que le peuple de fans migrateurs ne reste pas plus d’un jour dans la ville.

Si le bilan de la première phase du Mondial français est positif, en termes d’audience comme d’affluence, le meilleur reste peut-être à venir. Notamment en cas de beau parcours des Françaises. Comme à l’occasion du Mondial 2018 chez les hommes, de nombreuses villes ont démarché les organisateurs pour retransmettre le huitième des Bleues sur écran géant.